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Ennui mortel (Peter Pan)

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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyJeu 2 Juin - 14:11

Arielle avait le front posé sur ses avant-bras croisés sur la table. Ce n’était pas encore tout à fait la nuit, plus vraiment l’après-midi. Dans le réfectoire, à peine deux ou trois personnes, et Arielle avait eu le temps de les observer, deux ou trois travailleurs, comme elle. Elle était la seule à avoir le poste d’hôtesse de toute la maison. En arrivant, elle pensait avoir eu la meilleure place, mais elle s’était vite rendue compte de son erreur. Il y avait là une dizaine de filles qui avait l’air d’avoir une vie pleine d’aventure, alors qu’elles n’étaient que des putains. Arielle n’arrivait pas à comprendre. Ce qu’elle savait, c’est que ces filles n’étaient pas libres. Bien sûr, Arielle ne l’était pas non plus. Mais ces filles… Des hommes tournaient régulièrement autour d’elles, et comme ils étaient presque toujours là, et qu’ils n’étaient pas toujours « affairés », Arielle pensait qu’ils étaient les propriétaires de ces filles.

Il y avait en particulier ce gosse, roux à faire peur. Chaque fois qu’elle le croisait, lui et Arielle se sautaient dessus. Pas un instant de répit. Ils ne discutaient jamais réellement. Arielle ne se souvenait pas trop de l’origine de leur relation, mais tant pis. Dès qu’elle le voyait, elle sifflait ou l’appelait : « tiens le nain est de retour », ou « le rouquin vient encore faire ses caprices ». Car s’il y avait bien une chose qu’elle tenait pour vrai à propos de ce type, c’est qu’il soulait tout le monde et qu’ensuite régnait une tension intenable dans la maison. Aussi, quand elle le voyait, Arielle était-elle d’une humeur de chien.

Mais là, tout de suite, même une altercation avec poil de carotte lui paraîtrait enchanteresse. Enfin, peut-être pas à ce point. Seulement, assise toute seule sur ce banc dans le réfectoire quasi désert, elle mourrait d’ennui. À cette heure, les hommes étaient tous occupés depuis des lustres et Arielle avait la chance de ne pas devoir ouvrir les cuisses. Tout ce qu’elle faisait, c’était entretenir une bonne ambiance dans la salle d’attente, et faire venir doucement une agréable frustration. Ou alors, quand elle sentait les hommes trop pressants, elle arrêtait tout et racontait sa vie. Sa vie, celle d’une autre, quelqu’un qui n’existait pas, quelle importance, quelle différence ? Que les hommes la prennent pour une princesse exilée ou une prisonnière, alors qu’elle n’était qu’une gamine débile, ça n’était pas si grave.

La jeune femme ne portait qu’une robe courte, aux manches ballons, d’une couleur vert d’eau. Elle croisait ses jambes, les décroisait. Elle ne savait pas quoi faire, et généralement, elle ne faisait rien. Doucement, elle étira ses pieds nus et repensa aux cours de danse payés par Dimitri. Elle espérait qu’il ne fasse pas trop de soucis, et que sa fraîche épouse lui permette d’oublier sa sœur perdue. Arielle, elle, n’avait aucuns regrets. Certes, elle ne savait pas, en arrivant ici, qu’elle n’aurait pas d’intimité, et qu’elle ne pourrait jamais retourner en arrière mais sa vie aujourd’hui était en tout point celle dont elle avait rêvé : magique, étrange et loin de sa mère.

Elle souriait en pensant à sa mère en train de parler à Dimitri, lui disant à quelle point sa sœur était égoïste et cruelle, et comme ça lui ressemblait bien de fuir à quelques jours du mariage de son frère. Qu’il continue à vivre, à aimer et qu’il oublie rapidement cette petite peste.

Dimitri deviendrait riche.

Alors qu’elle se disait qu’elle ferait mieux d’aller se coucher, Arielle leva les yeux et tomba nez à nez avec… Avec le roux. Chic, elle avait besoin d’acérer ses griffes.

    Je me disais bien que j’avais entendu une pauvre fille se plaindre d’une espèce de poil dans son assiette. Mais elle pensait que c’était celui d’un animal…, raconta Arielle d’un ton détaché, en appuyant pourtant le tout dernier mot.
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Peter PanPeter Panprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptySam 4 Juin - 14:14

Ambroise.

Vaste étape. Pour certain, il s'agissait d'un lieu de perdition, d'autre un havre et pour un petit contingent d'âmes, un port de passage.
Peter n'avait jamais vraiment compris pourquoi le point de mire de tout les mondes connus résidaient entre les murs de cet établissement. Si cela ne tenait qu'à lui, il la cramerait cette bicoque. Avec tout le personnel dedans. Ça ferait des vacances.

La Pie fourrait toujours son bec partout et elle savait plus de choses qu'une Encyclopédie Universalis. Les prostitués, à part une ou deux, essayaient sans arrêt de lui proposer leurs services. Et la réceptionniste, qui était la pire dans cette histoire, avait un comportement de pimbêche prétentieuse à qui il aurait volontiers tiré les cheveux voir plus avec infinité de cris.

Est-ce qu'ils savaient tous qui IL était? Tssss. On ne pouvait vraiment pas attendre grand chose de ces gens mais tout de même: un peu de respect n'aurait pas été du luxe. Heureusement qu'aucun d'entre eux n'habitaient Neverland. Même les Pirates, bien qu'ayant un language châtié et des manières rustiques, lui témoignaient une crainte respectueuse.

Avec une impatience propre à la jeunesse, Peter secoua son visage afin de ne plus penser à ces inconvénients et poussa d'un geste sec la porte du refectoire d'Ambroise. Il allait se restaurer puis attendre le retour de Lili et Lucius. Autant le dire de suite: il n'était pas tranquille. Il avait beau savoir que Lucius Valeev faisait toujours un travail soigné, il savait combien Lili pouvait se montrer surprenante et rapide.

On était pas fille de Chef Peau-Rouge pour rien.

Le jeune homme roux entra donc dans un état d'esprit préoccupé si bien qu'i ne fit pas attention à la caboche blonde occupant déjà les lieux.

Sinon, il aurait fait ce que toute personne saine d'esprit aurait fait en présence de la Peste ou du Choléra: il serait rentrer chez lui.

" Je me disais bien que j’avais entendu une pauvre fille se plaindre d’une espèce de poil dans son assiette. Mais elle pensait que c’était celui d’un animal..."

Il tourna la tête pour voir la silhouette légère rattachée aux paroles acerbes.

Arielle Spencer.

Ben tiens. Manquait plus qu'elle.

" Tu ne travaille pas? Jamais vu quelqu'un qui passait autant de temps à rien faire." fit-il en l'interpellant de manière singulierement familière.

Ironique lorsque l'on savait que c'était précisémment ce que s'était toujours employé de fournir Peter à Neverland: une absence de ce travail d'adulte. Libre.

Mais trop de choses avaient changé à Neverland et chez Peter et il doutait que la nostalgie l'étreigne encore bien longtemps.

Peter passa une main dans ses cheveux roux, contrit. Ca l'embetait plus qu'il n'osait se l'avouer qu'elle se moque sans arrêt de la couleur de ses cheveux. Elle ne l'avait pas encore fait mais leurs rencontres avaient toujours un goùt d'éternel.

Puis d'abord elle pouvait parler avec sa tignasse!

" T'es pas censé servir les clients? "

D'ailleurs il commençait à avoir faim.
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptySam 4 Juin - 17:04

En son for intérieur, Arielle tapait la table de ses poings et riait à gorge déployée. Bien sûr, dans le cas où une putain ou encore un travailleur la surprendrait, elle se retenait tant bien que mal. Sa bouche était étirée en un sourire large, un peu tordu du fait qu’elle essayait de ne pas hurler de rire. Elle ne savait pas pourquoi, mais le rouquin avait toujours l’air d’un gosse pris sur le fait.

Sauf que là c’était encore plus drôle : il ressemblait à quelqu’un qui vient de voir un cafard dans sa baignoire.

    Tu ne travailles pas ? Jamais vu quelqu'un qui passait autant de temps à rien faire.
Grognement. Arielle attrapa une mèche blonde et la roula autour de son index. Travailler, travailler. Ils avaient presque tous ce mot à la bouche. N’était-elle pas suffisamment jolie et habile pour vivre de sa présence même ? Allons donc, travailler, c’est juste bon pour les faibles. C’est juste assez pour une pauvre boulangère de rien du tout… Mais Arielle, elle, elle ne travaillait pas, elle s’amusait, OK ?

    Je pourrais dire pareil de toi, sale gosse.
Elle grimaça, faisant semblant d’être une innocente jeune fille. Mime que sa blondeur ingénue appuyait avec force.

    Tu n’as pas de fessées à distribuer ? D’épaules à griffer ?
Elle le vit passer une main dans ses cheveux, ce qui attira ses yeux à elle sur la crinière d’un orange carotte. Elle était comme obsédée par cette couleur. Elle n’avait jamais vu d’autres roux que ceux du frère de la boulangère et franchement, il avait cette dégaine complètement ridicule qui allait avec. Le benêt qui faisait rire les enfants du village en se cognant à toutes les portes un peu basses. Mais ce type, il n’avait pas l’air d’être le simplet de service, il avait toujours cet air mi-figue mi-raisin, un peu ironique. Non pas que ce soit mieux ; enfin si, sans doute, pour lui. Ça avait seulement le don d’agacer Arielle. Avec une teinte pareille, on rase les murs et on se fait tout petit.

Le sourire d’Arielle se fit carnassier.

    T'es pas censé servir les clients ?
La lèvre supérieure de la blondinette trembla légèrement. Non mais dit.

    Tu es sûrement passé par le couloir pour arriver ici. Il n’y avait pas de gars qui hurlaient sur le sol mon prénom ? Non, et bien je considère qu’il n’y a pas de client à servir.
Elle décroisa ses jambes. Les recroisa. Merde, elle ne savait plus quoi dire. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne retrouve la parole. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu le petit roux. Et par conséquent, qu’elle n’avait pas eu envie d’être désagréable.

    Sinon, t’es pas censé être un client ? Si les gens ne sont même plus capables de faire leur boulot… Enfin, je peux comprendre, t’es à moitié un légume. Ça s’arrête où le syndrome ?
Elle se pencha sur le banc pour vérifier. Ah non, pas de feuilles dans le derrière.
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Peter PanPeter Panprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyDim 5 Juin - 23:09

" Je pourrais dire pareil de toi, sale gosse."

ARGH!

Peter serra ses lèvres en un trait incongru. Il restait d'un calme olympien lors des Conseils de Maîtres (et croyez bien que cela valait son pesant de cacahuètes), il parlait toujours de manière posé et autoritaire lorsqu'il était face aux pirates (idem avec encore plus de cacahuètes) , il gérait des "amitiés" et des antagonismes avec des QI négatifs et malgré tout... malgré tout... c'était la pimbêche de service qui réussissait là ou personne d'autre ne semblait réussir.

Sale gosse? Est-ce qu'elle savait au moins combien il avait grandit? Combien cela avait été pénible? Non mais vraiment!

Une moue contrariée glissa sur le visage du jeune homme tandis que la blondinette s'entortilla une mèche de cheveu autour du doigt.

" Tu n’as pas de fessées à distribuer ? D’épaules à griffer ?"

Il avait bien idée à qui il devrait en filer une de fessée là tout de suite maintenant mais rien que l'idée de ce qu'aucun des "habitants" d'Ambroise pourrait imaginer à cette scène imaginaire parvint à lui faire ignorer le sujet durant ces quelques secondes.

" Tu es sûrement passé par le couloir pour arriver ici. Il n’y avait pas de gars qui hurlaient sur le sol mon prénom ? Non, et bien je considère qu’il n’y a pas de client à servir."

L'image était tellement répugnante que Peter fronça legerement les sourcils.

" Ils devraient. Avec des piques dans les mains." marmonna t'il se rapprochant néanmoins imperceptiblement de la fille de Lucifer.

Attendez... ce ne serait pas du coup de Mister D.? Peter cligna des yeux. Fût un temps où il avait eu trop d'imagination.

Il avait grandi depuis. Il avait fait ce que font les adultes et était devenu sérieux. Sournois. Cynique.

Tout un tas de trucs en "sss".

" Sinon, t’es pas censé être un client ? "

Ah tout de même. La pimbêche avait enfin compris! Elle allait gentiment lever son postérieur et lui chercher son repas. Depuis que We.... que les choses avaient changé à Neverland, Peter s'efforçait de prendre des repas constitué de viandes aux sauces savoureuses, de vins de qualité.

" Si les gens ne sont même plus capables de faire leur boulot… Enfin, je peux comprendre, t’es à moitié un légume. Ça s’arrête où le syndrome ?"

Peter croisa les bras. Pourquoi parlait-elle de légume? Elle le prenait pour un concombre ou bien? Toxique?

Et si elle pouvait arrêter de mater ses fesses à lui sous couvert de motifs suspects ça l'arrangerait.

Eww.

" Ça s'arrête pile au moment où tu sauras tenir ta langue un peu. On serait sur un bateau je te ferais direct sauter de la planche. Tu te rends compte du bruit que tu fais?" répondit-il avec un demi sourire mi figue mi raisin.

Il releva sa main droite et la posa sur la bouche de la jeune fille avec un air de total ravissement.

" Tu vois? Tout de suite c'est mieux!" continua t'il d'une voix faussement enthousiaste avant de reprendre son air revêche habituel.

" J'ai faim Spencer. Et je viens de te toucher ce qui prouve que l'inanition a probablement touché une part de mon système nerveux. Où tu m'apportes mon repas, ou tu m'apportes un remède contre le tétanos mais bouge tes fesses."

Les serviteurs.... parfois il fallait faire dans le simple pour qu'ils comprennent. Extra simple quand il s'agissait d'Arielle.
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyLun 6 Juin - 17:14

Arielle vit les lèvres du rouquin ne former qu’une ligne droite. Bingo. Maintenant, ça allait devenir marrant. Elle croisa les bras sous sa poitrine, un large sourire s’étalant sur son visage.

    Ils devraient. Avec des piques dans les mains.
Vraiment ? N’allait-il pas un peu trop loin ? Devait-elle le laisser parler ou le couper tout de suite ? Arielle décida d’attendre et de voir ensuite. Les mots pouvaient-ils à ce point blesser quelqu’un pour qu’elle doive empêcher poil de carotte d’essayer d’avoir de la répartie ? Il ne connaissait pas ses faiblesses, et ne savait pas ce qu’il ne devait pas dire. En résumé, il ne pouvait pas lui faire de mal, et même si elle savait qu’elle n’avait pas plus d’emprise sur lui – après tout, elle ne connaissait même pas son nom ! –, ça lui faisait du bien d’avoir une personne sur qui se défouler.

Un bien fou.

    Ça s'arrête pile au moment où tu sauras tenir ta langue un peu. On serait sur un bateau je te ferais direct sauter de la planche. Tu te rends compte du bruit que tu fais ?
    Sauter de la planche ? Mais dans quel monde tu vis, le pays merveilleux des pirates ? Et puis je fais le bruit que je veux, ajouta-t-elle rapidement.
La moitié de sourire qu’il lui présenta la troubla. Elle tortilla ses mains entre elles, se concentrant pour ne pas perdre une miette de ce qu’il pourrait dire ou faire.

Alors elle le fixa intensément.

Elle allait dire : « Mais… » quand elle fut interrompue par une main sur sa bouche. Pour qui se prenait-il, ce satané mec ?! Arielle eut envie de le mordre, fort, de lui arracher la peau à l’intérieur, tout près, là. Elle préféra la jouer finement.

Léchant la paume elle leva les yeux vers ceux, givrés, de l’homme sur lequel elle bavait. Littéralement.

Ne venait-il pas de s’exclamer, l’air ravi, que le silence qu’elle offrait était « mieux » ? Il ne garderait pas cet enthousiasme très longtemps. Sa main droite se recouvrait doucement d’une pellicule du plus détestable fluide qu’une femme puisse produire.

Enfin, elle décida qu’il était temps pour elle d’arrêter. Parce que si ce qu’elle faisait devait dégoûter l’affreux jojo, elle n’avait pas particulièrement envie d’avoir cette main indésirable collée à ses lèvres plus de temps. Elle attrapa le poignet et le rejeta au loin.

Elle posa ses coudes sur la table, les paumes sous son menton et observait le pénible roux. Elle avait ce petit sourire ironique, de travers, qu’elle gardait pour ceux qui connaissaient sa vraie nature. Après tout, elle venait d’agir comme une enfant et agissait de cette sorte chaque fois que ce type apparaissait dans son champ de vision.

    J'ai faim Spencer. Et je viens de te toucher ce qui prouve que l'inanition a probablement touché une part de mon système nerveux. Où tu m'apportes mon repas, ou tu m'apportes un remède contre le tétanos mais bouge tes fesses.
Ok. Alors là, il allait en avoir pour son grade. Elle n’était pas cuisinière, ou serveuse et son job constituait à simplement garder en haleine des mâles déchaînés, prêts à s’envoyer en l’air. Mais Arielle, primo : ne « s’envoyait » pas en l’air avec ces mêmes mâles, deuxio : dormait dans un dortoir pourri, tertio : il n’y en avait pas.

Apporter un repas à un type qu’elle n’aimait pas ? Elle n’apporterait jamais un repas à quelqu’un qu’elle pourrait aimer, alors à lui !

    Ecoute bonhomme, elle adorait lui parler comme à un gosse, alors qu’elle était certaine qu’ils avaient à peu près le même âge, je ne sais pas pour qui tu me prends. Une fille qui t’amène des repas, je ne pense pas qu’elle serait habillée comme moi, elle porterait, je ne sais pas, un tablier. Et puis d’abord, ce n’est pas mon job.
Elle resta assise, les coudes toujours sous sur la table, les mains sous son visage et sourit de toutes ses dents un quart de seconde.

Elle détourna les yeux, redevenant la jeune fille timide et douce, rougissant aux trivialités et marmottant, tendrement :

    Tu voudrais que je te raconte mon histoire, beau garçon ?
Un sourire cynique trahit un bref instant l'oval poupin mais ce fut comme une ombre passée sur son visage, il disparut aussitôt qu’il était arrivé.
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Peter PanPeter Panprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyLun 6 Juin - 18:20

Arielle, avec ses cheveux bouffants blonds et sa moue moqueuse était son poil à gratter personnel.
Il ne savait plus vraiment comment ils en étaient arriver à se chercher des poux l'un l'autre aussi fréquemment mais cela était arrivé rapidement.

Et maintenant il avait sa salive sur la paume de sa main.

Maîtrise. Maîtrise. On respire. On expire. Tout va bien. Neverland va bien. Tout va bien.

Peter s'efforça donc de lui parler tranquillement et ajouta même une phrase sur le tétanos. Sa main pendant toujours lamentablement sur le côté. Il n'allait tout de même pas s'essuyer sur sa chemise croisée. Il prenait toujours un soin terrifiant à s'habiller proprement. A être net. Cela faisait partit du décorum, de l'idée qu'il avait grandit.

Seul les enfants étaient débraillés. Seul les enfants prenaient des repas constitués de chamallows et chocolat chantilly chaud. Seuls les enfants perdaient leurs sang froid quand quelqu'un passait sa petite langue rose sur la main d'autrui, juste pour l'agacer.

" Ecoute bonhomme..."

" Bonho...?!" tenta de rétorquer Peter outré.

Ah elle n'était pas contente. C'était parce qu'il lui avait ordonné de faire quelque chose où normalement, elle devrait se montrer reconnaissante de pouvoir le faire?
Et cette façon de lui parler! Tout le monde le prenait au sérieux excepté Mister D, mais ce dernier ne prenait personne au sérieux ce qui réglait rapidement la question, et elle, elle lui filait du bonhomme et du sale gosse.

Non mais vraiment.

" Je ne sais pas pour qui tu me prends. Une fille qui t’amène des repas, je ne pense pas qu’elle serait habillée comme moi, elle porterait, je ne sais pas, un tablier. Et puis d’abord, ce n’est pas mon job."

C'est seulement là que Peter prit quelques instants pour regarder Arielle plus attentivement. Robe courte aux manches bouffantes. Menthe à l'eau. Peut-être qu'en effet il s'agissait là d'une tenue trop soignée pour une simple aide de cuisine. Mais elle faisait partie du personnel et se trouvait dans le réfectoire.

Et c'était vraiment juste pour l'énerver.

Il allait continuer jusqu'à ce qu'elle s'impatiente vraiment et bam!

Il allait lui rétorquer quelque chose à propos de son rôle en cuisine quand elle bougea de manière surprenante. Non seulement elle lui sourit d'un sourire charmant mais en plus sa voix prit une teinte sucrée.

Elle parvint même à rougir. De manière atrocement charmante.

" Tu voudrais que je te raconte mon histoire, beau garçon ?"

Bea...beau garçon? Elle flirtait? Elle fli... avec lui? Oh l'horreur. L'Edgar Allan Poesque horreur.

Sale chipie.

Peter cessa de respirer pendant un quart de centième de seconde et ses yeux couleur de sa robe s'agrandirent lentement.

" Non. Non ça va aller. Je vais prendre mon repas. Merci." répondit-il automatiquement avec une voix hachée.

Arielle: 1. Peter: 0.

A peine passa t'il outre la jeune fille qu'il se rendit compte qu'elle venait de le berner façon Chat du Cheshire.

C'était décidé. Une fois son repas pris, il viendrait lui offrir un thé avec du piment dedans ou autre chose dans le genre. Il était innommable d'avoir le dernier mot dans cette situation.


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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyMar 7 Juin - 16:24

Hilarant. C’était hi-la-rant. La manière dont il coupa sa respiration et la reprit brutalement. Ses pupilles dilatées. Son ton heurté.

    Non. Non ça va aller. Je vais prendre mon repas. Merci.
Mon dieu ! Arielle lui avait fait à ce point peur alors qu’elle ne faisait là que son petit manège ? Un tour de charme comme un magicien sort un lapin blanc de son haut-de-fort et l’autre perdait l’usage de la parole et quittait le champ de bataille. C’en était presque vexant.

En vérité, quand il passa devant la jeune femme, ce fut carrément blessant.

Stupéfaite, Arielle fit tomber ses coudes sur les côtés et se cogna le menton sur la table.

Aïe.

Sentant la colère monter, elle se frotta la mâchoire et plissa des yeux en direction de poil de carotte. Cible repérée. Bip bip bip. L’iris ordinairement bleu de la blonde se changea en un gris couleur ciel orageux et intérieurement, elle était comme un taureau qui se prépare à l’attaque.

Ah non ! Il n’allait pas se défiler comme ça, pas question. C’était Arielle qui fuyait, détalait à la façon d’un lapin à la moindre difficulté. Le roux avait l’aspect d’un homme autrement plus puissant que la petite hôtesse qu’elle était. Arielle aimait lorsqu’on voulait lui échapper, de l’eau entre les doigts. Pas qu’on l’évite tout simplement. Il fallait se battre, mince.

Elle n’avait que battu des cils, prit l’apparence d’une pauvre prostituée au destin malheureux. Elle ne l’avait pas demandé en mariage, à la fin !

Un serpent rampa jusqu’aux pieds du rouquin et siffla :

    Oh non ! Ne me dis pas que notre bon enfant possède encore la fleur sacrée, s'exclama-t-elle, la voix devenue soudainement aigüe.
Arielle devenait un personnage tragique, une femme tragique, sortie de ces pièces de théâtre antiques.

Arielle était capable de devenir qui elle voulait. Elle mit le dos d’une de ses mains sur son front, en un signe d’une grande détresse et murmura, agonisante.

    Pauvre petit garçon. Notre frère carotte n’est pas un homme.
Tout en disant cela, elle levait ses bras vers le ciel, exagérant chacun de ses mots dans le but d’enrager le garçon juste en face. Si Arielle avait vitalement besoin de quelque chose, c’était bien de réaction. Une simple réaction, de son frère, de sa mère, une simple parole, un simple geste. Tout mais pas le déni, l’ignorance et le silence. Une putain de réaction, à Ambroise, était-ce encore trop demandé ?

Arielle posa deux doigts sur l’avant-bras du fauve et cala son pouce en-dessous. Elle serra fort, desserra sa prise et resserra une fois.

    On se réveille, hein.
Elle n’avait pas vraiment envie de sourire. Mais pour obtenir ce qu’elle voulait, Arielle était prête à tout. Et même si ça n’était pas grand-chose, cela faisait un bail qu’Arielle Spencer n’avait pas désiré quelque chose alors elle s’autorisa quelques instants à perdre sa fierté : elle esquissa un vrai sourire. Un sourire calme et tendre.
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Peter PanPeter Panprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyMar 5 Juil - 21:36

Il aurait dû le prévoir qu'elle allait le suivre. Chat et Souris. Souris et Chat.

Peter tâcha de garder un air supérieur teinté d'honorabilité mais l'agacement perlait manifestement dans l'iris de ses yeux cobalts. Il avait été décontenancé il y a quelques minutes et cela ne lui arrivait pas souvent. Il s'en voulait presque autant qu'à elle.
Et au moment où elle s'installa auprès de lui, il savait déjà que tout son stoïcisme n'y suffirait pas. Ils fonctionnaient tout les deux avec des mécanismes trop similaires et surtout ils ne savaient jamais quand s'arrêter.

" Oh non ! Ne me dis pas que notre bon enfant possède encore la fleur sacrée, "

Une bouchée, puis une autre. Mastiquer. Elle le provoquait elle et sa voix subitement criarde. Malheureusement, cela ne l'empêcha pas de rougir indûment aux propos évoqués. Réflexe d'enfant dont il n'arrivait pas à se débarrasser.

A moins que ce soit de rouquin.

Et cela l'emmenait immanquablement à penser à Wendy et au Capitaine Hook.

Le peu de personnes qui étaient attablés autour d'eux les regardaient d'un air amusé. Amusé ou moqueur. Peter n'avait jamais eu vraiment d'humour ni de subtilité de ce côté là: pour lui ça revenait du pareil au même.

" Pauvre petit garçon. Notre frère carotte n’est pas un homme."

La flêche était plus douloureuse qu'il ne l'avait cru. Ah... la jolie pimbêche savait exactement où et quand frapper.
D'un geste lent, Peter reposa sa fourchette. Les yeux baissés.

Petit garçon.

Evidemment. Comme Wendy quoi.

Il sentit les doigts aérien d'Arielle glisser sur sa le fin coton de sa chemise tandis que son pouce s'imprimait plus abruptement sur le dessous.

La dernière phrase résonnait de plus en plus fort.

Pauvre petit garçon...

Pauvre

petit

garçon..

" On se réveille, hein."

Il releva les yeux vers elle sans l'esquisse du sourire qu'elle lui offrait de manière si ingénue.

Il n'y aurait pas eu de témoins qu'il lui aurait volontiers fait mal (encore qu'il était certain qu'elle le lui rendrait coup pour coup à vrai dire). Au lieu de cela il se leva en poussant sa chaise en arrière.
Et le reste se passa en un éclair. Une réaction impulsive alors que les mots bourdonnaient encore dans ses oreilles. C'était, il en était quasi certain, exactement là où elle avait eu envie de l'amener mais peu importait. Il l'agrippa et la souleva afin de la poser avec un manque de délicatesse outrancier sur la table.

Puis d'un air posé mais rapide, il défit la boucle de sa ceinture en hochant son visage vers la jeune fille.

" Relève ta robe." ordonna t'il d'un ton sec. " Et ne comptes pas sur moi pour te payer ensuite."

La Pie n'allait pas apprécier...
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyJeu 7 Juil - 12:12

En voyant son regarde s’ajuster au sien, Arielle sut que non, ça n’allait pas bien se passer, finalement. Son esprit lui lançait des “may day may day ! alerte rouge, alerte rouge, BARRE-TOI !” mais, têtue comme elle l’était, inconsciente aussi, elle l’ignora. Le peu de personnes assises ici et là les regardaient du coin de l’œil, se moquant certainement de leurs chamailleries, sans vraiment y prêter plus attention que cela. Dans une tentative dérisoire de passer pour une femme qui s’en fout, elle passa ses doigts dans une mèche de cheveux près de sa mâchoire et dégagea sa nuque.

Elle ne s’aperçut pas que le roux se levait de sa chaise. Tout comme elle vécu comme un rêve le moment où il la posa brutalement sur le rebord de la table. Elle savait qu’elle était sur cette table, mais elle en était encore à se demander comment. Ce gamin avait réussi à la soulever, en si peu de temps ? Il avait l’air… si frêle pourtant. Bon, ok. Arielle était sur cette table, et alors ? Et après ?

Il… il commençait à se dessaper ?

    « Relève ta robe. Et ne compte pas sur moi pour te payer ensuite. »
La confusion totale, les points d’interrogation se suivaient, sans aucune logique possible. Arielle fronça les sourcils. Que lui prenait-il ? En avait-il marre à ce point de leurs boutades quotidiennes ? Il croyait qu’en n’étant plus puceau, Arielle cesserait de se moquer de lui ? Ce qu’il faisait était dangereux pour lui, car il donnerait à la blonde un sujet intarissable de moquerie. Arielle avait l’impression d’avoir le pouvoir entre ses doigts. Elle n’était pas bien ambitieuse et ce poids dans ses paumes commençait à la faire souffrir. Que faire ?

Arielle : 1. Peter : 1.

Ils étaient à égalité.

Elle décida de faire ce qu’elle faisait à longueur de journée : ne rien prendre au sérieux.

    « Très romantique tout ça. Ça ne colle pas du tout à ton apparence de jeune premier, tu sais ? »
Elle fit glisser son index sur le torse de l’horrible rouquin et chuchota :

    « Tu finiras bien par payer, petit gars. Et plutôt deux fois qu’une. »
Les autres dans le réfectoire regardaient toujours, sans doute avec plus d’attention. En même temps, ce que le roux prévoyait, c’était de la prendre ici, et donc devant eux, non ? C’était tout à fait illogique, et, aussi étonnant que ce le soit, crétin de la part de son rouquin. Il n’agissait pas aussi bêtement d’ordinaire. Certes, il disait des choses stupides et agaçantes, mais il avait toujours eu l’air assuré et savait se contenir. Là, c’était tellement absurde que ça en devenait comique.
Arielle prit conscience de la scène. Elle se trouvait là, sur cette table, les pans de sa robe remontés sur ses cuisses et poil de carotte et en face, déjà en train de défaire sa ceinture. C’était n’importe quoi. Elle posa ses mains sur celles du roux à faire peur et murmura, pour qu’il soit le seul à entendre :

    « Ce n’est pas que je n’ai pas envie mais je crois que tu ne sais pas ce que tu fais. »
Elle leva les yeux sur son visage et essaya un sourire timide.

    « On ne me paye pas pour ce genre de choses. Je ne suis qu’une hôtesse, une allumeuse. Je n’éteins pas les feux que j’allume. »
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MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyMer 20 Juil - 22:11

« Très romantique tout ça. Ça ne colle pas du tout à ton apparence de jeune premier, tu sais ? »

Peter resta stoïque au premier abord. Arielle avait toujours ce ton désobligeant à son égard et il ne s'en était pas attendu à moins.

Pauvre petit garçon.

Il ne voyait pas de quoi elle parlait quand elle disait jeune premier mais au moins le nombre lui plaisait. Et puis, elle s'imaginait quoi?

Il avait encore les mots qui lui vrillaient les tympans mais ils commençaient à prendre une autre couleur. La libido n'avait jamais été son fort et ses sens étaient rarement échauffé. Il ne parvenait toujours pas vraiment à comprendre ce que Wendy avait recherché dans la chair croupi de Hook.
Non, Peter ne comprenait vraiment pas, mais il saisissait en revanche parfaitement la sensation de faim qui le titillait en cet instant. La recherche de domination sur une fille qui l'agaçait sans cesse était un moteur suffisant pour éveiller des instincts qu'il méprisait de manière générale. Et quand la blonde glissa son doigt sur son torse, il accueillit presque avec ravissement l'empreinte brûlante et indiscernable qu'elle lui imprimait.
Elle esquissa un rapprochement raffiné dont elle avait le secret et lui chuchota des paroles qui sonnèrent comme une douce déclaration de guerre au jeune homme.

« Tu finiras bien par payer, petit gars. Et plutôt deux fois qu’une. »

Peter pencha subrepticement son visage vers Arielle conscient du tableau qu'ils offraient dorénavant à l'auditoire présent. Il ne put s'empêcher une expression nimbée de convoitise quand elle lui glissa en un murmure des promesses inquiétantes.

D'aussi loin qu'il se souvienne il n'était jamais allé aussi loin mais ce n'était pas plus mal. Il en avait assez des enfantillages. Pauvre petit garçon. Il allait falloir que tout le monde comprenne une fois pour toute que de petit garçon, il n'y en avait plus.
Il avait eu envie de lui faire peur, mais de toute évidence cela n'avait pas fonctionné.
Par contre, les rumeurs iraient dorénavant bon train et il était quasi certain qu'elles iraient en sa faveur. Les terriens avaient ça de commun avec les pirates de Neverland ou les Peaux-Rouges (comme s'ils en restaient encore ah) qu'ils traitaient toujours terriblement les femmes et que tout étaient toujours à leurs désavantages.

« Ce n’est pas que je n’ai pas envie mais je crois que tu ne sais pas ce que tu fais. On ne me paye pas pour ce genre de choses. Je ne suis qu’une hôtesse, une allumeuse. Je n’éteins pas les feux que j’allume. »

Il eut un hochement de tête charmant en réponse au sourire timide d'Arielle et referma sa ceinture.

« Tu me désespères Arielle. »

Il avait prévu de lui dire ceci d'un ton léger et détaché, en miroir à celui qu'elle même employait mais il n'avait pas vraiment réussi (elle était plus douée que lui dans ce domaine pensa t'il) et le timbre avait été dur.

D'une main indulgente, le Maître de Neverland rabatit avec une douceur étrange le pan de la robe de l'hôtesse puis, feignant une innocence qui faisait écho à l'expression de la jeune fille, il posa ses poings de chaque côté de ses cuisses et se pencha, déposant un baiser innocent sur sa joue.

« Un jour il faudra pourtant bien le faire. Un jour il faudra grandir.»

Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire mais les mots étaient sortit sans son aide ni sa permission. Il resta un instant incertain devant la jeune femme.

Il aurait dû prendre son repas ailleurs.
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MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyLun 8 Aoû - 12:37

Tout s’était déroulé comme dans un rêve. Le songe du visage du rouquin tout près du sien – suffisamment pour entendre le souffle léger de sa respiration –, le regard qu’il lui lança et qui, intérieurement, bouleversa Arielle. Elle-même coupait par moment sa respiration lors de ce trépas, espérant entendre dans ce silence nouveau les pensées de l’horrible roux. Mais rien, mise à part sa réaction d’adolescent qui recherche la vérité de la chair, aucune expression n’était décelable. Ni moquerie, aucune raillerie… et pas le moindre soupçon de sentiment.

Arielle se réveilla lorsque des tables, une voix émit un « o » tout de suite étouffée par la main d’une autre personne. Quelques instants avant ils avaient été seuls au monde et tout de suite après, le brouhaha de la salle les envahissait. Comme si d’un claquement de doigt, un hypnotiseur avait redonné à Arielle la permission d’expirer, et avait cessé de lui donner des ordres… Mais quels ordres inquiétants lui avait-il insufflé, quels sentiments d’épouvante avait-elle ressenti ?

Il lui semblait que deux secondes avant cette lettre anodine, elle avait été quelqu’un d’autre. Sa mère et son père, se tenant la main et marchant dans ce qui avait leur parc, heureux et toujours ensemble. Elle secoua de droite à gauche sa chevelure et le courant d’air qui s’en échappa lui offrit un deuxième souvenir, comme la deuxième seconde s’écoulait : son frère, prétextant des courses pour chaque matin séduire un peu plus la jolie boulangère.

Non, non, non. NON.

Heureusement, l’autre, en refermant sa ceinture, coupa court au deuxième sommeil d’Arielle.

Tout se rapportait au chiffre deux. Ses parents, et puis son frère et la boulangère. Le « o », et puis la tape dans le dos. La droite, et puis la gauche. Inspirer, et puis expirer. Son frère, et puis le rouquin.

Horreur. Goutte de sueur glissant narquoisement vers les reins de l’hôtesse.

D’un ton paternaliste, l’Autre avec un a majuscule ânonna :

    « Tu me désespères Arielle. »
Si seulement il savait.

Pourquoi fallait-il qu’elle ressente à nouveau ce sentiment horrible, qu’elle croyait banni de son être à tout jamais. C’était cette absence de sentiment qui la faisait se sentir humaine, une statue de marbre aux caresses, un esprit vide dans un corps malléable à souhait. Son frère avait été la barrière infranchissable, le sentiment s’était cogné plusieurs fois à ce mur de béton.

Mais si rien ne se trouvait devant lui, comment allait bien pouvoir évoluer ce sentiment ? Arielle craignait le pire, sa mère après son père, son frère après son départ. Ce mot, que l’Autre allait déclencher, il fallait qu’elle le retienne. Qu’elle l’attrape de ses doigts, viens, reste avec moi, reste pour toujours. L’Autre avec un a majuscule, ce mot avec cette même lettre majuscule.

Bon sang !

Elle s’insultait alors que le rouquin remettait en place sa robe, elle loupa la tendresse de son geste, comme si la vie s’écoulait sans qu’elle soit vraiment là.

Le léger baiser, juste un bisou, fut une douche froide. À partir de ce moment, elle n’eut plus de moment de rien, de vide et devint attentive à tout ce qu’il se passait autour d’elle. Le voile transparent qui empêchait ses interlocuteurs de deviner ce qu’elle pensait sembla tomber sur le sol. Juste après le bisou, un bisou d’enfant, sur la joue, tellement innocent, la chamboula. Ses joues rougirent sans qu’elle pût essayer de l’empêcher, et elle posa une paume sur la joue embrassée.

    « Un jour il faudra pourtant bien le faire. Un jour il faudra grandir. »
Comme il disait vrai.

Arielle n’était, derrière son voile, sa carapace de femme adulte, qu’une gamine qui ne savait rien. Que savait-elle de la complicité entre ses parents, du mariage de son frère, des raisons pour que deux personnes aient envie de rester ensemble ? Absolument rien. Ce qui était physique, elle le trouvait tellement simple qu’elle s’était dit qu’elle n’avait nul besoin de connaître le reste. Elle avait jugé sa mère trop facilement, quitté son frère sans assez de remords.

N’avait-elle aucun cœur, finalement ?

Inconsciente de ce qu’elle disait, ou plutôt : inconsciemment consciente de ce qu’elle disait, elle murmura, comme si son esprit avait enfin gagné une bataille sur son corps :

    « C’est avec toi que je veux grandir, il n’y a qu’avec toi que je le pourrai, j’en suis certaine. »
Et sans peur, pour la première fois, elle fut elle. Sans peur de se faire rejeter – alors que c’est sans aucun doute ce qui allait se passer –, elle mit doucement ses mains sur celles du rouquin. Sa main droite remonta l’avant-bras, l’épaule, le cou et, toujours en effleurant seulement la peau de l’horrible roux, passa sa paume sur la face droite de l’Autre avec un a majuscule.

Arielle : 1. Peter : 1782100.

    « Je ne sais pas comment tu t’appelles Neverland. »
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MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyLun 22 Aoû - 21:57

« C’est avec toi que je veux grandir, il n’y a qu’avec toi que je le pourrai, j’en suis certaine. »

Surpris était peu dire mais Peter n'osa pas relever les mots tout de suite et une boule se forma à l'endroit où se trouvait sa pomme d'Adam. Trop d'émotions contradictoires et dérangeantes l'envahissaient d'un coup. Bon sang c'était douloureux. C'était tellement les mots qu'il aurait voulu entendre de la bouche de Wendy...

Peter posa son front à nouveau sur celui d'Arielle et ferma les yeux à s'en crever les paupières. Il ne fallait plus y penser. Plus y penser. Estc-e que c'était ce que Wendy avait dit à Hook ensuite? Quand ils étaient partis tout les deux? Quand ils l'avaient abandonné?

Le bras d'Arielle autour de son cou et le rythme inaudible de sa respiration furent les seules choses qui maintenèrent le jeune homme hors d'une sphère construite d'amertume.

« Je ne sais pas comment tu t’appelles Neverland. » souffla t'elle.

Il eut un hoquet teinté d'affliction.

« James... James Hook. » lâcha t'il.

N'était-ce pas drôle? Hein? Puisque cette chipie d'Arielle prenait les mots de Wendy, l'espiègle Peter pouvait bien prendre le nom de celui de Crochet.

Peter eut envie de rire devant son mensonge mais n'y parvint pas. Wendy était partit et elle lui avait laissé la grandeur de Neverland... mais jamais son pays ne lui avait paru si petit.

Le Maître rouvrit ses yeux verts et se détacha du corps trop doux de la réceptionniste.

Il fallait reprendre lentement contrôle de soi-même. Peter se redressa, étira ses muscles et ses épaules afin de reprendre une tenue droite et compassée. Un sourire désespéré traversa son visage aux accents encore parfois poupin malgré les angles qui le distinguaient.

S'il sentait encore la paume d'Arielle sur sa joue, il n'en laissa rien paraître.

" Malheureusement Spencer, quand on grandit, on grandit seul." dit-il aussi posément qu'il put.

Le garçon sembla hésiter un très bref instant avant d'amorcer sans autres mots son départ.

Spoiler:
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +Ennui mortel (Peter Pan) Empty
MessageSujet: Re: Ennui mortel (Peter Pan) Ennui mortel (Peter Pan) EmptyDim 28 Aoû - 8:51

Dos tourné à la blonde, « James… James Hook » s’en alla. Face aux spectateurs que composaient le réfectoire, Arielle haussa les épaules avant de croiser les bras et de se retourner vers sa place sur le banc. Elle était complètement décontenancée. Jamais elle n’avait éprouvé tous ces sentiments mais le pire dans cela était celui d’avoir conscience d’avoir été rejetée et de ne pas pouvoir faire face. C’était comme se rendre compte de ne pas être assez bien. Ce sentiment avait été enfoui au plus profond, presque à terre, sous les orteils et aujourd’hui, maintenant, il prenait son élan et allait se loger dans la gorge d’Arielle. Derrière ses pupilles, un voile se tissait et, retenant son malaise, l’hôtesse marmotta :
    « Pour ce que ça peut me fiche. »
Bien sûr que ça lui en fichait.

Le souvenir de son père, les abandonnant tous en quelques sortes, son frère, la quittant à regrets. Et puis elle, courant sans jamais penser à son entourage. Elle, la pire de toutes, égoïste, brisant à tort et à travers le cœur de quiconque osait l’approcher. Mais plus maintenant, plus de cette façon là. Elle avait compris, croyait avoir compris, la souffrance qu’on pouvait ressentir. L’orgueil blessé, et le cafard qui s’emparait de vous.

Les jointures de ses doigts blanchirent alors qu’elle resserrait encore sa prise sur le rebord de la table en bois. Pourquoi se battaient-ils déjà ? Pourquoi n’avaient-ils jamais cessé de se battre ? Aucune idée, et étrangement, Arielle se fichait de trouver la cause et ses raisons. Elle avait trouvé une de ces raisons, et elle était apparue il y a seulement quelques minutes.

Son esprit était un mélange de larmes et de flammes crépitant, n’attendant qu’un seul moment pour s’emparer de tout et tout cramer. Un incendie de l’âme, un feu dans le cœur.

Et l’ultime phrase de l’horrible rouquin – revenir à ce surnom habituel paraissait loufoque après ce qu’il venait de se passer – ne cessait de rebondir dans son crâne, se cognant inlassablement en résonnant à l’infini « on grandit seul, on grandit seul ».

Car c’était ce qu’il avait dit, n’est-ce pas ?

Arielle eut tout à coup une migraine incessante. Elle se leva doucement, pour ne pas tomber et tituba pour sortir de la salle devenue soudainement bourdonnante de sons hautement désagréables. Elle se tint aux murs pour ne pas chavirer et rejoignit le plus vite possible son lit à la monture en fer. Elle s’agrippa aux barreaux un instant pour retirer ses ballerines et s’étendit sur le lit, en chien de chasse. Elle s’endormit dès qu’elle posa la tête sur l’oreiller.

Ses songes psychédéliques furent emplis de formes incertaines lui chuchotant de ne plus penser à elle mais de commencer à agir pour elle.
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Voilou, médiocre dernier message >_>
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Ennui mortel (Peter Pan)

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