Sautez, dansez ! La fête foraine vous ouvre ses portes, aussi folle que son propriétaire. Les montagnes russes semblent sans fin, s'enroulant jusqu'au ciel sans jamais en redescendre, les manèges tournent éternellement. Danse de couleurs vives qui se mêlent, vous hypnotisent. Paysage psychédélique sous acide, les attractions semblent presque hurler de rire à vos oreilles. Mais non, ce n'est que celui de Meadow, qui file et tourbillonne, maître dément d'un lieu de jeux et de joie. Approchez donc, venez donc vous amuser avec lui. Il adore.

Qu'on lui coupe la tête ! Petit caprice ou vrai danger ? Le château a des allures de maison de poupées. Pourtant immense et imposant, l'intérieur est jonché de poupées, de jouets en tout genre. Les murs hauts, de pierre grise, sont recouverts de tableaux. Comme une drôle de boutade, une farce naïve, les visages hautains sont décorés de moustaches, de barbes. Griffonnées au stylo noir, ces honteuses humiliations ont des allures de blasphèmes enfantins. Et la silhouette qui vous fixe, beuglant des ordre suraigus, installée sur son trône trop grand, est aussi adorable qu'agaçante. Grand parc pour enfant, ce château. Et la reine, qui trône, grotesquement fière, ne fait que renforcer l'impression que vous avez. Vous voilà dans un drôle de délire puéril, aux couleurs bariolées et aux peluches duveteuses.

Vous entendez un bruissement répétitif, des tapements réguliers... Celui de petites aiguilles qui glissent sur des centaines de cadrans. Tic Tac. Tic Tac. La tour, immense, s'élève sur des kilomètres. Sur chaque marche, de chaque escalier, un monticule de montres jonche les pierres grisâtres. Tic Tac. Tic Tac. Tic font les montres. Tac. Lubie compulsive d'un malade cleptomane. Tic. Pas de meubles, pas besoin. Juste des montres. Encore et encore. Vérifiez que la vôtre est encore dans votre poche, le Lapin Blanc est agile. Tac...

Ce n'est qu'une cabane en bois, une cabane sans importance, plantée dans un bois sans couleur. Vous vous dites que la cabane va se détruire à tout instant, étant penchée dangereusement sur un côté. Les rondins de bois sont parfaitement taillés, seule perfection dans ce morne paysage. De la fumée coule comme des vagues puissantes, s'en allant dans le ciel immense, gris. Dangereusement vous vous approchez... De la lumière sort des fenêtres aux rideaux déchirés, rapiécé. La petite porte d'entré semble sortir de ses gonds, voulant fuir le propriétaire. Vous entendez des cris, des rires, des chants. La porte s'entrouvre et vous voyez l'horreur. Vous fuyez loin, loin, loin... Ce n'est qu'un cauchemar ce que vous avez vu n'existe pas, cette marre de sang n'existe pas, cette tête déchirée n'est pas... Elle n'a jamais existé. Alors, pour en avoir le cœur net vous rapprochez de la petite cabane innocente. Et vous ouvrez la porte. Il n'y a plus rien... Juste un bordel phénoménal. Des papiers jonchent le sol déjà bien garni avec ses papiers de bonbons, de boite de pizza... Vous ne vous inquiétez plus... Ce n'était qu'un cauchemar rien de plus. La cabane est inoffensive... Juste un peu bordélique c'est tout. Mais alors... Qu'est-ce que c'est que ces yeux rouges sang qui semblent vous fixer dangereusement ?

L'humidité vous étouffe, le soleil qui se glisse entre les feuilles délivre une lumière émeraude et épaisse. Les larges plantes étirent leurs bras vers vous, comme pour vous enlacer. Le sol, moelleux, se courbe sous vos pas. Un rire narquois résonne à vos oreilles. Est-ce un sourire que vous voyez, caché entre les lianes ? Un chat vous parle, vous entendez sa voix langoureuse et amusée, qui semble se fondre dans l'air oppressant. Cette jungle est son territoire, son terrain de chasse. Les arbres sont larges, leurs troncs immenses, mais jamais assez pour vous cacher. Il connait chaque recoin, ce cher matou, et ses yeux brillant vous trouveront forcément... Mais il est déjà bien trop tard pour faire demi-tour...