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You claim your history is beyond a man like me (October Leeing)

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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyDim 27 Nov - 16:50

    Un grand mur. Voilà ce qui séparait Arielle Spencer des autres habitants de l’Ambroise. De larges briques, et un silence qui s’épaississait. Personne ici ne semblait vouloir transmettre. Le long des couloirs circulaient évidemment des rumeurs, des ragots. Mais ils étaient plus le genre qu’Arielle avait fuit en quittant son bourg natal. Ils n’étaient ni scandaleux, ni révélateurs d’un quelconque malaise. Ce n’étaient que d’innocents potins. Et cela fâchait beaucoup trop Arielle. Il y avait forcément une histoire sulfureuse, un secret terrifiant qui rongeait les entrailles de cette maison. En professionnelle du conte et de la lecture, Arielle voulait savoir. Elle ne voulait plus être à part. Une fille comme ça, mais pas suffisamment.

    Les autres travailleurs la regardaient de haut. Parce qu’elle n’était ni cuisinière, ni comptable. Parce qu’elle ne faisait qu’une moitié de travail. Parce qu’elle était nourrie, logée et qu’elle était si fainéante. Elle n’était pas non plus une putain, et n’était de mise avec aucune d’elles. Elle vivait donc entre deux eaux : pas tout à fait une salariée, pas tout à fait une prisonnière. Elle avait cette liberté contraignante, qui faisait qu’elle pouvait vivre et s’agiter tout son soul, sans pouvoir trouver sa place. Une vie de papillon, qui ne s’attachait nulle part, et finissait par mourir au bout de quelques heures.

    Ça ne ressemblait pas à la jeune fille de s’appesantir sur des pensées aussi… pensées. Comme pour chasser ce trop-plein de réflexion, elle balaya l’air de sa tignasse blé. Elle se rendait dans la salle de repos. Il serait juste d’étouffer un sarcasme : il n’est plus besoin de prouver l’inactivité profonde de la blonde. Son travail, c’est raconter des histoires de cul à des mâles frustrés. Mais même si on lui proposait de se goinfrer de choux à la crème contre rémunération, le métabolisme d’Arielle trouverait un moyen d’échapper à ses heures de travail. Petite déjà, elle séchait les cours de latin. Alors qu’elle adorait cette langue. C’est seulement que sa petite âme ne peut pas être plus contrainte que dans son crâne. Inutile que le travail passe encore.

    Ainsi elle marchait le plus lentement possible – il ne fallait pas qu’elle se fatigue, vous comprenez. La salle de repos n’était plus qu’à quelques mètres. Arielle plissait les yeux, pour que dans un effet d’illusion, la porte ouvragée se rapproche mentalement. Elle plia ses genoux, marcha à petits pas. Elle ne voyait rien que le brun du bois et la poignée en cuivre. Des empreintes de doigts recouvraient d’ailleurs cette dernière et ce n’était pas du plus bel effet.

    Oh.

    Mon.

    Dieu.

    C’était elle, cette figure pâle et ces cheveux ébouriffés ? C’était son reflet sur ce ridicule objet de métal ! Horreur. Elle se figea aussitôt, passa des paumes moites sur le haut de son crâne, se recoiffa, et glissa ses doigts entre des mèches de cheveux plus longues qu’elle. Elle était recourbée sur elle-même, peignant les pointes de sa chevelure qui tombaient sur le sol. Alors qu’elle se relevait, son coude cogna quelque chose, ou quelqu’un. Un visage, ou un torse. Un nez, ou un menton. Quoiqu’il en soit, elle se retourna vivement, pinça ses joues et mordit ses lèvres, pour ne plus avoir cet air de fantôme et émit un petit cri de jeune demoiselle surprise, absolument enfantin.

    Elle traça une adroite moue sur ses lèvres désolée et minauda :

    « Oh, pardonnez-moi, je me suis foulée la cheville. »

    Plutôt mourir que de paraître superficielle !


Dernière édition par Arielle Spencer le Mer 21 Déc - 10:05, édité 1 fois
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October LeeingOctober Leeingprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyLun 19 Déc - 20:36

Encore une journée bien remplie. A être et paraître pour ces beaux clients. A se pavaner. Ou plutôt à LES pavaner sous le nez des autres. Ceux qui attendent que le Gérant daigne pointer le bout de ses dents jaunies pour enregistrer leur demande, ceux qui se languissent dans la salle d’attente qu’une créature digne de leur excitation vienne s’occuper d’eux, ceux qui arpentent les couloirs des travailleurs où les alcôves se succèdent les unes aux autres, toujours plus occupées, dans une odeur âcre et lourde de joie. October essuya un mouvement de côté pour se rapprocher du mur et éviter le titubement d’un pervers sans nom qui venait sûrement de se répandre dans l’une des couches. Répugnant. C’était ce genre de client que la jeune Clef se refusait d’accepter. Oui, il se permettait de choisir ses proies non seulement car Mélusine n’en avait rien à faire d’un galeux pareil, mais aussi car il savait comment s’y prendre pour les faire déguerpir. Il suffisait de leur proposer un fruit plus juteux, et ceux-là couraient les bras ouverts et la gueule bavante vers le nouveau travailleur. C’était probablement là une des nombreuses raisons pour laquelle October pouvait être craint dans l’Ambroise. Non pas qu’il était effrayant, au contraire d’ailleurs, mais outre la violence qu’on lui connaissait au lit, il rejetait toujours les sales boulots sur les autres, dont la condition était bien en deçà de la sienne pourtant. Mais il n’avait ni pitié, ni compassion envers ces faiblards. Et ça se savait.

Le jeune homme tourna dans un couloir plus calme en baissant le regard. Surtout, qu’on ne l’appelle pas. Il avait… une certaine fatigue qui pesait sur lui. Et un tour en salle de repos ne pouvait que le détendre. S’il ne croisait personne là-bas… A cette heure-là, la majorité des Clefs étaient occupées, les travailleurs affairés à leur dur labeur, et le reste devait se terrer dans les douches, voire dans leur monde où la météo était à coup sûr plus clémente que sur la forêt ces derniers jours. October se passe une main dans le cou pour se masser les muscles, fermant les yeux une demi-seconde tout en avançant. La demi-seconde de trop. Il percuta un obstacle inattendu, ce qui le figea dans une expression irritée. Face à lui se trouvait la blonde la plus exaspérante qu’il lui était donné de croisé dans l’Ambroise. Arielle. Cette paumée, flemmarde, qui était arrivée un jour, un peu perdue, et qui n’avait dès lors jamais réussi à prendre une seule décision ou initiative. Le jeune homme l’appelait « la conteuse paillarde ». Car Arielle était un prénom qui, à son goût, ne lui allait pas. Il n’était pas assez candide, pas assez sot, pas assez malléable. Et October avait une bien trop piètre estime de cet être faible, pour s’écorcher la langue en l’adressant par son nom.

La mignonnette s’était retournée, les doigts emmêlés dans ses longs cheveux crémeux, tentant de prendre une expression intelligente et irrésistible. Irrésistible, à coup sûr. Car le brun n’avait maintenant plus qu’une envie : la placarder au mur en lui faisant bouffer sa robe ! Il se ressaisit, juste le temps de prendre une inspiration avant qu’elle n’ouvre la bouche.



October releva une babine avec un semblant de dégoût. Comment pouvait-on être aussi stupide ? Tout en se croyant convaincant, là était le pire ! La môme n’était ni mignonne, ni même cultivée. Le problème étant : elle lui courait après dès qu’ils se croisaient. Et ça arrivait légèrement trop souvent selon le jeune homme. Il expira froidement par le nez, et la contourna pour ouvrir la porte de la salle de repos. Quitte à être arrivé jusqu’ici, autant aller s’asseoir. Sans tourner la tête, il cracha des mots dédaigneux à la fillette.

« Tu ne te serais pas plutôt foulé le neurone unique qui déprime dans ta petite tête, crétine ? »
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyMar 20 Déc - 20:01

    Dans le conte du Chaperon Rouge, le Loup se tient l’estomac de douleur lorsque le Bûcheron coupe en deux ses entrailles pleines de la pauvre enfant. Enfin, dans le conte qui finit bien. Arielle se tenait en ce moment le ventre d’une façon analogue. Elle mima la douleur qu’aurait pu causer October Leeing à son être. Qu’aurait pu. Si, quelques fois, les paroles de l’Horrible Rouquin pouvaient la blesser, rien de ce qui venait d’October Leeing n’arrivait à l’atteindre.

    Elle soupira en lâchant sa cheville en parfaite santé. Était-ce parce qu’il semblait connaître ses mimiques par cœur qu’October Leeing était si agaçant, ou bien son contraire ? Elle leva des yeux las vers le visage pâle hautement indésirable et de la jeune première elle passa en une fraction de seconde à la Cruella qu’elle était quand elle était sûre que personne d’influent ne la jugerait. Elle émit un feulement acide et jeta ses bras devant elle.

    « Si ce n’est pas October Leeing, cette personne détestable. »

    Elle n’avait jamais réellement rencontré October Leeing, mais si elle avait une réputation de gamine insipide et franchement mollassonne, October Leeing en avait une d’un tout autre genre. Les prostituées le surnommaient dans les couloirs la Faucheuse. Pas parce qu’il avait un quelconque rapport avec le squelette à la cape noire, mais parce qu’il « fauchait » tous les bons morceaux et laissait la bidoche, les gros bidons à la populace.

    Arielle l’avait déjà croisé. Il y avait peu d’hommes qui satisfaisaient les désirs à l’Ambroise. Son air hautain, son aura, Arielle la connaissait. Vous voyez, quand on passe sa vie à se cacher derrière soi-même, dénicher le vrai derrière le faux, effacer le maquillage ou simplement retirer le masque est beaucoup plus facile. Ce qu’elle avait trouvé ne lui avait pas plut. Aussi bref que cela.

    Elle suivit October dans la salle. C’était elle qui était entrée en première et se disputer avec quelqu’un était une de ses activités favorites – après celle d’éviter toutes les activités en général, trop épuisant. Et puis, c’est ce qu’elle avait prévu et ce n’est pas une espèce d’homme cadavérique qui allait l’en empêcher. D’accord, peut-être qu’elle était juste contradictoire.

    Elle attrapa sa lourde chevelure et la passa devant elle avant de refermer la porte. S’il y avait un massacre, elle doutait qu’October Leeing ait une seule chance. Il avait l’air d’être plus mental que manuel et le mettre à terre serait plus simple que d’amuser une pièce pleine de mâles assoiffés de luxure et à qui on dit non.

    « S’il ne me reste qu’un neurone, c’est sans doute celui qui gère la capacité de la parole. C’est sans doute le seul qui puisse arriver à te toucher, je suppose. »

    Elle posa ses fesses sur l’accoudoir du fauteuil où avait pris place October Leeing. Elle déposa une épaisse mèche de cheveux blond sur la cuisse du garçon.

    « Tu la sens, cette chaleur ? C’est sans aucun doute la seule que ton corps peut ressentir. Parce que tu es froid, et que ton corps et ton âme tout entiers ne sont que de la glace. C’est cette puissance qui fait que les gens, malgré leur mépris, sont attirés par moi. Pour toi, je dirais que c’est la mode de l’androgyne ténébreux. Avec ton apparence, les gens sont comme des mouches chassant la bonne odeur du miel. Mais si un jour tout ça, elle caressa sa joue, disparaissait, comment affronterais-tu le monde ? »

    Elle glissa de l’accoudoir matelassé et s’accroupit devant le feu qui crépitait dans l’âtre de la cheminée, tout près.

    « Je pense que tu serais perdu. Car ce qui fait que tu es toi, c’est… »

    Elle s’interrompit.

    Lentement, elle se releva et renifla comme une enfant. Elle passa une main fiévreuse sur ses lèvres entrouvertes.

    « Me croirais-tu si je te disais que tu ne m’écoutes que parce que… »

    Sa bouche se tordit en une grimace incontrôlée.

    « Comme Morphée, je… »

    Elle laissa tomber ses bras des deux côtés de son corps. Ils reposaient contre ses hanches. Elle était là, comme une poupée de son. Elle baissa les yeux vers le tapis.

    « Je n’ai pas envie de te le dire, et quand bien même, je ne le pourrais pas. Ce n’est pas à toi qu’il faut le dire, tu n’es rien, tu es méprisable et je prie ton départ chaque jour qui passe. »

    Elle releva brusquement la tête.

    « October Leeing, quelle est ton histoire ? »
Spoiler:
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October LeeingOctober Leeingprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyLun 2 Jan - 16:31

La Clef était entrée dans le salon, laissant la blonde seule accroupie dans le couloir à faire ses simagrées. Qu’elle le suive ou non n’était pas vraiment son affaire. En fait… Si. October aurait largement préféré que la « conteuse paillarde » aille déblatérer ses histoires ailleurs, mais il savait très bien qu’il n’en serait pas ainsi. Arielle confirma d’ailleurs qu’elle était prête à jouer le pire : le suivre, ET lui chercher des noises. Insupportable, exactement comme il s’y attendait venant de cette crétine. Mais tant pis, tant mieux. Il pourrait peut-être se défouler sur elle, à défaut de se détendre. Quel dommage tout de même, le salon était vide. Pas un chat ne foulait l’épaisse moquette vert sapin qui était posée au sol depuis bien des lustres. Personne, comme le jeune homme l’avait prévu. Il soupira tandis qu’Arielle tentait de se défendre en glapissant dans son dos, puis il s’installa au fond d’un fauteuil asymétrique. Le tissu de simili velours avait réussi à garder sa teinte mordorée, mais les coutures, elles, laissaient à désirer. Rien à l’Ambroise n’avait pas vécu son temps. Et c’était un peu ces années passer à croupir qui donnaient leur charme à l’établissement, du point de vue d’October évidemment.

Un poids vint se poser sur l‘accoudoir du fauteuil, tirant October de ses pensées. Il leva la tête vers la squatteuse avec une mine interrogatrice. C’était quoi ce manège débile ? La jeune fille étala ses cheveux sur lui, comme une œuvre d’art. Sauf qu’elle les trimbalait tellement souvent en les faisant virevolter autour d’elle qu’October n’en pouvait plus, rien qu’à les regarder. Il aurait voulu les lui arracher un à un s’il n’avait pas eu cette once de… politesse. Le jeune homme détourna le regard pour le poser sur la tapisserie qui lui faisait face. La broderie prenait la moitié du mur, mettant en scène Apollon et Daphné, ce Dieu amoureux, cette muse désespérée. Les bras de la grecque se transformaient déjà en rameaux d’olivier, fuyant son prétendant de toute son âme. Si seulement October avait pu se fondre dans le décor lui aussi.

« Tu la sens, cette chaleur ? C’est sans aucun doute la seule que ton corps peut ressentir. Parce que tu es froid, et que ton corps et ton âme tout entiers ne sont que de la glace… »

Oui, il était froid, glacial, de marbre, irritable. C’était un de ses traits de caractères, quand il était trop fatigué pour jouer l’indifférence. Qu’est-ce qu’elle en avait à carrer qu’il ait une humeur irascible ? Elle n’avait qu’à l’éviter au lieu de lui courir après. Mais non, la peste continuait son monologue insensé.

«… C’est cette puissance qui fait que les gens, malgré leur mépris, sont attirés par moi. Pour toi, je dirais que c’est la mode de l’androgyne ténébreux. Avec ton apparence, les gens sont comme des mouches chassant la bonne odeur du miel. Mais si un jour tout ça… » elle caressa sa joue, « …disparaissait, comment affronterais-tu le monde ? »

Que pouvait-elle savoir de lui ? Comment pouvait-elle avancer des effronteries avec cette assurance déterminée ? Tout cela, c’était ce que la Clef montrait. C’était ce qu’il VOULAIT montrer. C’était sa parade, son masque, son jeu de scène. Et il aimait bien son androgénie quelque part. Elle lui rapportait beaucoup. Puis, il n’avait pas vraiment choisi sa tête. Il ne s’amusait qu’à y dessiner des expressions perturbantes au final. C’était là un de ses talents sûrement. Mais s’il perdait ce physique avantageux, alors quoi ? Alors rien. Tant qu’il ne perdait pas Mélusine. Elle était tout. Il n’était rien. Alors tant qu’Elle était là, et qu’Elle allait bien, rien ne pouvait l’atteindre profondément. S’attaquer à October était un peu comme gratter la peinture du mur. Mais si quelque chose arrivait à sa Maîtresse, on pourrait alors comparer ça à la démolition brutale de la forteresse du jeune homme. Arielle ne connaissait vraiment rien de lui.

La Clef inspira de soulagement quand l’autre s’éloigna pour aller se lover près du feu de bois. Si elle pouvait rester aussi loin, et surtout, surtout SE TAIRE ! October en serait reconnaissant. Seulement, la jeune fille ne donnait pas l’impression de vouloir fermer sa bouche. Elle continuait, piaillait comme un oisillon, prenait des airs de midinette échaudée dans ses pauses verbales, caressait ses longs cheveux comme une poupée, laissait un suspens au milieu de ses phrases, jouait aux énigmes, retournait sa veste de cette manière si détestable et si puérile, et… Non, stop ! October grogna et s’ébouriffa la tête. Il allait exploser. C’était définitivement trop pour lui.


« October Leeing, quelle est ton histoire ? »

Voilà maintenant qu’elle voulait qu’on lui raconte un conte de fée. Oh non. La vie de la Clef n’était pas rose. Même le noir n’aurait peut-être pas pu définir sa biographie. Le rouge sans doute un peu plus. Mais un rouge carmin, crasseux, sanguin, souillé. Voilà ce qui lui correspondait. October ferma les yeux un instant, histoire de récupérer un semblant de calme. Ses nerfs avaient trop subi en l’espace de quelques minutes. Et il avait trop de flemme pour sauter sur la fille et lui foutre les cheveux dans le feu. Qu’est-ce que ça pourrait être plaisant pourtant. Une vraie libération. Elle en chialerait, il en jouirait presque. Les paupières lourdes se relevèrent, découvrant deux prunelles d’un brun foncé, comme une écorce de pin. Le regard dur se posa sur la silhouette fine qui se trémoussait devant l’âtre. « Inner peace »… Il soupira profondément, et s’installa un peu mieux dans le fauteuil, amenant une jambe sur l’un des accoudoirs, s’appuyant d’un coude sur l’autre. Histoire de montrer qu’il ne bougerait pas. Puis il répondit enfin. Peu de paroles, mais le ton percutant. Ne pas gâcher sa salive pour cette niaiseuse.

« Je viens de NightmareLand, et j’en suis fier. Ca devrait suffire à te faire comprendre que tu ne veux pas en savoir plus sur moi. »

Il se tut et la toisa d'un air de défi. Qu'elle ose si elle le voulait encore, il la mordrait jusqu'à la moelle.
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MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyJeu 12 Jan - 14:55

Spoiler:
    Le feu crépitait dans l’âtre. J’imagine que Dimitri est aussi devant la cheminée, et si Puella se tient à ses pieds, ou sur ses genoux, même. Depuis que je suis arrivée ici, j’essaie de m’intégrer à cette nouvelle biosphère, j’essaie de ne pas me faire dévorer par les prédateurs qui pullulent ici. J’y arrive étonnamment bien, en prenant en compte le fait qu’à l’Ambroise, je ne me suis faite que des ennemis. Je crois que je deviens folle et que personne n’arrive à la hauteur de mon frère. Je commence même à regretter Maman, ce qui est plutôt fâcheux étant donné qu’elle est une des principales raisons de ma fuite.

    Je devine la main de Puella dans celle de Dimitri et, devant le feu qui brûle l’écorce de ce bout de bois large comme ma taille, j’examine ma paume et mes ongles propres. Je crois sentir la chaleur qui unit ces deux mains amoureuses et je frissonne. En voilà, une douceur que mes cheveux ne pourront jamais m’apporter. Il serait peut-être temps de les couper, de devenir cette fille inconnue qui passe innaperçue, de revenir l’Arielle des temps où Papa me caressait la tête. Je ne me suis jamais souvenue de Papa me caressant la tête, je me suis inventée ce souvenir à partir de ce que me racontait Dimitri alors qu’il regardait par la fenêtre la fumée qui s’élevait d’une cheminée du village, celle de la boulangerie.


    « Je viens de NightmareLand, et j’en suis fier. Ca devrait suffire à te faire comprendre que tu ne veux pas en savoir plus sur moi. »

    Voilà qu’elle s’approchait du but. Arielle se tourna en mesurant sa vitesse. Elle bougea lentement, avec une nonchalance mesurée. October venait de se fourvoyer! C’était le premier à parler d’une puissant qui pouvait exister en dehors de ce qui pouvait se trouver derrière la simple porte d’entrée. NightmareLand...

    Comme elle attendait depuis des semaines qu’une nouvelle extraordinaire arrive jusqu’à elle, elle ne fut pas choquée ou étonnée. Elle ne s’effraya pas de ce pays au nom évocateur. Elle s’y était préparée, à force de supplications et d’oreilles collées aux portes. October Leeing était sa clef, il ne suffisait plus que de tourner le verrou et de voir. Tout cela devenait de plus en plus excitant et Arielle, pour reprendre contenance, lissa un pan de son jupon et fit quelques pas vers le fauteuil qu’avait choisi October.

    Y aller en douceur.

    « NightmareLand, ce doit être un joli endroit, toussota-t-elle. Pourquoi l’avoir quitté et pris le risque de côtoyer des parasites comme moi? Tu en as été renvoyé? »

    Elle savait évidemment que NightmareLand existait, bien sûr, et il fallait qu’October en soit certain. Elle se posa aux pieds de l’illustre Faucheur et quémanda une histoire. Pour une fois qu’elle n’en serait pas l’héroïne. Elle avait hâte de savoir ce qu’était ce pays inquiétant et surtout, comment devait-on faire pour s’y rendre.
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October LeeingOctober Leeingprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyMar 31 Jan - 22:51

Spoiler:


Les mots dont il venait d’user aurait dû – et cela aurait grandement soulagé la Clef – faire fuir la curiosité maladive dont faisait preuve la petite blonde. Mais il n’en fut rien, bien au contraire. Au fur et à mesure qu’il découvrait l’expression enfantine et joviale de la crétine dans son mouvement de rotation régulier, October s’avachissait dans son fauteuil. Un peu plus et il était sur le point de fusionner avec le coussin, un air entre la décontenance, l’irritation profonde, et l’ahurissement total dessiné sur ses traits. Elle agissait comme si elle n’avait jamais entendu parler des mondes, comme si l’Ambroise n’était à ses yeux qu’une maison close un peu trop perdue dans la pénombre des bois, comme si les clients qui ne sortaient plus des chambres des Clefs passaient en fait par des sorties de secours… Idiote. Naïve. Cruche. Arielle s’était transformée en une enfant découvrant son plus beau cadeau. Elle avait revêtu un visage de monstre, le pire que pouvait croiser le jeune homme en ces murs insalubres. La travailleuse non aguerrie rêvant du voyage tant chuchoté par les autres, « celui dont on ne revient quasiment jamais intacte ». Et que l’enfer évoqué ait été NightmareLand ne changeait apparemment rien à la promesse que venait de faire October dans l’esprit de la jeune fille. Elle n’attendait plus qu’une chose : savoir, entendre, comprendre, découvrir. N’importe qui aurait pu le lire sur ses traits l’excitation qui s’opérait dans son imagination trop débordante. Mais cette parcelle de rêve ne pouvait en rien égaler la réalité de la Terre des Cauchemars. Rien ni personne ne pouvait se douter de ce que cachait ce pays d’outre-tombe. Ces paysages désolés, déchirés, escarpés, ombres des pensées de leur Ô Terrible Maîtresse, Mélusine Javrette. Cette incarnation même de la démence, de la violence, du plaisir et du vice caché. Cet être si beau dans la chaire mise à vif de la population. Cette citoyenneté contestée qui souffrait et s’acharnait sur les métiers à tisser mécaniques, assemblant songe, sur mauvais rêve, sur cauchemar, sur délire. Ces hantises, essence même ce cette contrée malade, qui virevoltaient à travers l’espace-temps pour se faire débarquer dans les chambres des Terriens. Ces pauvres humains qui subissaient les foudres et les guerres de tout le cosmos. Ces proies faciles. Ces jouets. Ces âmes. Ces demandeurs d'échappatoire, ces clients, ces visiteurs, ces prisonniers.

Un froissement prononcé de tissu détacha October du fil de sa pensée. Il aurait pu aller loin de cette manière. Il était déjà quasiment revenu à la case départ, et la route pouvait continuer encore longtemps, de pièce en pièce, comme une bataille de dominos. Il releva la tête et tiqua avec bruit en raccrochant à la réalité. Arielle. Qui se mit à parler. Ou plutôt, à déverser un flot de conneries pour ne pas changer. Un joli endroit ? NightmareLand ? Oui, certainement, aux yeux des perturbés du ciboulot comme October – car il était conscient d’être un peu dérangé de la tête. Mais elle et lui n’avait, pour cela, pas le même sens du beau. Le beau du jeune homme était sanglant, cinglant, sifflant, vibrant. Il s’abstint de dépeindre son paradis visuel, cela n’aurait avancé à rien. Sachant qu’il avait plus l’envie de reculer qu’autre chose dans cette discussion. Il se retint de ne pas glapir son exaspération à la figure de la blondinette qui s’était approchée, et décida de mettre en branle une machinerie des plus espiègles. Un processus tendancieux, un cheminement pervers. Il allait ouvrir l’échiquier, et démarrer la partie. La petite n’aurait pas de handicap sur celle-ci, rien que par vengeance, juste parce qu’elle avait été tête à claque jusque là. Arielle ouvrit le bal tout de même avec ses questions – non sensée disons-le – auxquelles la Clef prit la peine de répondre.

« Je n’ai pas quitté NightmareLand. C’est ma contrée, et j’y retourne quand je le souhaite. Je n’en ai donc pas été renvoyé. »

Il se redressa sur son fauteuil, l’expression changée, plus intéressée, élargie par un rictus fourbe et mesquin. Reposant ses deux pieds devant lui, il avança le buste pour mieux plonger ses orbes ténébreuses dans les yeux de la jeune fille. Il appuya ses coudes sur ses genoux et entrecroisa ses doigts. Il l’hypnotiserait, rien qu’un instant, cela lui suffirait pour se calmer.

« C’est plutôt ici que je n’me sens pas complet, pas réveillé. C’est là-bas, chez moi. Ici, je n’suis que de passage, je n’suis qu’un employé qui vient s’amuser. Et je m’amuse avec les, il reprit le terme usité, parasites que vous êtes. »

Éveiller sa curiosité un peu plus. Qu’elle se pose des questions, qu’elle se ronge l’esprit, qu’elle implore. Qu’il domine. C’était comme cela qu’il se sentait le mieux. Il pouvait même la coincer si l’envie lui prenait. L’emmener, l’enfermer. Mais… Cela aurait voulu dire qu’il allait se la taper un bon bout de temps et à chaque fois qu’il reviendrait sur NightmareLand, donc non. Jamais. Pas elle, pas cette garce.
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyDim 5 Fév - 13:06

    Arielle savait que Nightmare n’était pas un lieu qu’elle pourrait visiter en restant sur Terre. Que même si elle franchissait les frontières de l’Angleterre, qu’elle allait plus loin que les limites célestes, elle ne pourrait jamais trouver cet endroit. Ce pays était, comme son nom l’indiquait, un sphère fantasmagorique, un rêve - ou plutôt, un chauchemar. Elle jalousait October Leeing. Comment quelqu’un dans son genre pouvait avoir un tel type de secret, le genre qu’Arielle attendait depuis des lustres, et qu’elle dénichait dans une personne aussi détestable, aussi écoeurante. Elle aurait voulu faire subir à October Leeing un interrogatoire, tortures et mort finale. Elle aurait voulu capturer son secret et le faire disparaître aussitôt, pour pouvoir s’en revendiquer maîtresse absolue. Elle ne pensa pas immédiatement qu’October Leeing n’avait vraiment rien de particulier pour conserver une telle histoire, pour conserver à lui seul Nightmare.

    Elle s’éloigna du fauteuil, s’éloigna de la Faucheuse. Ce surnom allait prendre une signification toute différente dans quelques instants. Arielle en était sûre, elle n’était plus très loin. De quoi, elle n’en était pas totalement certaine, mais elle touchait au but, qu’importe quel qu’il fusse. L’intérêt d’une quête, quand elle la racontait, n’était-ce pas les péripéties? Si le courageux héros était à la recherche d’une épée miraculeuse ou qu’il s’en allait sauver untelle princesse en danger, qu’importait? Le héros pourrait aussi bien être un nain qu’un chevalier, rechercher simplement sa chaussure ou un seau d’or, ce qui durait le plus longtemps, qui mettait réellement en haleine et qui satisfaisait les tendres oreilles qu’Arielle avait l’habitude de charmer, c’était ce qu’il y avait entre. Le début et la fin n’étaient là que pour justifier ce qu’il se passait à l’intérieur.

    Arielle pourrait se choisir un but plus tard: la recherche de son père, l’explication de sa naissance, la pierre philosophale, n’importe lequel serait bon. October Leeing était la clef, sa clef, et elle ne croyait pas si bien dire. Comme si tout ce à quoi elle pensait devait glisser le long de sa chevelure, pendant toute la durée que faisait une mèche, pur aboutir à la vérité. C’était peut-être pour cela qu’Arielle paraissait si lente, si elle coupait ses cheveux, peut-être que la réalité arriverait plus vite à ses yeux.

    « N’y a-t-il pas de parasites là d’où vous venez », grogna Arielle, « Cela nous éviterait à tous d’ignorer votre existence. »

    Elle se posta devant l’âtre de la cheminée, se tenant des deux mains au rebord ouvragé, les bras tendus. Elle tournait le dos au fauteuil. Du pied, elle joua une minute avec le bout de sa robe. Elle poussa la pointe de sa chaussure recouverte d’un pan de la robe vers les cendres, diminuant la distance entre elle et le feu par étape. Alors que les flammes menaçaient de brûler la robe, elle recula et s’arrêta de bouger. Les idées qui remontaient le long de ses cheveux de blé se rapprochaient de plus en plus. Il suffit d’un clignement des paupières pour qu’elles soient complètement là et alors, plus rien ne serait comme avant, comme toujours.

    Pourquoi October Leeing serait-il le seul à posséder un tel secret? Dans l’Ambroise, nombre de personnes étaient plus louches les unes que les autres, Arielle avait l’impression qu’ils cherchaient à s’occuper les pouces, autant qu’elle essayait de les arrêter net. Déjà, ce rouquin, James Hook. Un pressentiment, de ceux qu’on a quand on affiche une superficialité superficielle pour plaire aux autres et avoir la paix, lui chuchotait que ce n’était pas son nom, qu’il ne lui allait pas. Que James Hook était un prénom d’homme et que l’horrible rouquin était encore un garçon. Et puis toutes ces filles qui travaillaient comme n’importe quelle putain mais qui avaient tous ces avantages par rapport aux autres: était-ce parce qu’elles avaient un tel secret? Existait-il d’autres endroits impossibles, Nightmare était-ce le seul lieu imaginaire ou y en avait-il d’autres? Ce qui était certain, c’est qu’October Leeing n’était pas le seul.

    Est-ce que son père... Est-ce que son père pourrait... Non, il ne fallait pas encore penser à ça, pas maintenant. Pourtant, au milieu des noeuds de son esprits, qui étaient autant de boucles de mystère, le père d’Arielle tentait de se faire une place chaque fois plus grande. Il menaçait d’envahir entièrement Arielle.

    « Pas maintenant! »

    Arielle, sans s’en rendre compte, avait crié dans la pièce et se tenait les tempes à l’aide de ses mains. Elle fit volte-face et contempla October Leeing. Tant de questions.

    « Dites-m’en plus », demanda-t-elle, presque aimable, « Comment fait-on pour se rendre à Nightmare, et pourquoi voudrait-on y aller? »
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MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyVen 2 Mar - 10:37

Spoiler:

« N’y a-t-il pas de parasites là d’où vous venez? Cela nous éviterait à tous d’ignorer votre existence. »

Éviter d’ignorer une existence? Ne disait-on pas plutôt éviter de connaître une existence, ou permettre de l’ignorer? La tournure de la phrase fit sourire October, ironiquement. Pas la peine de répondre. Elle était finalement aussi creuse qu’elle n’y paraissait, cette midinette. Et plus elle parlait en se tortillant, plus il avait cette envie, ce désir, cette sensation qui remontait du diaphragme et empoisonnait sa bouche...
Claquements.
De portes, d’articulations, d’âme.
Craquements.
De branches, d’os, de vie.
Voyage.
Voyage.
Brume, pénombre, ténèbres.
Sensation désagréable de sang et de bile au fond de la gorge.
Sentiment agréable de maltraiter une personne que l’on ne supporte pas.
Douce illusion que celle de l’imagination.
S’il pouvait écraser la tignasse blonde sur le mur, la teindre en rouge sombre, lui sculpter un trou à l’arrière du crâne, lui peindre la souffrance, lui dépeindre la Mort... Arracher ses ongles, puis ses yeux, pour finir par ses dents. Ses dents si blanches qui s’entrechoquent quand elle ferme la bouche. Pas assez souvent. Oh, oui. Eloigne-toi. Eloigne-toi petite Arielle. Petite enfant. Blondasse des champs. Eloigne-toi de lui, de cet autre, de cette Clef, de la Porte des Cauchemars. N’est-elle pas si délicieuse cette conteuse de charmes? Si appétissante? Si CONNE à tourner ainsi son dos à l’ennemi? Elle s’enfuit, elle se recule, elle se détourne.

Une lueur de folie éclaira la profondeur des yeux d’October. Il inspira lentement pour tenter de calmer la pulsion de violence qui montait dans ses mains crispées. Les cartilages blanchis de ses doigts se croisaient et s’écrasaient sous son menton. Heureusement qu’il s’était assis, il n’aurait probablement pas tenu sinon. Ses mains lui auraient échappé, fondant sur la carotide de la jeune fille. Une sorcière serait plus agréable à massacrer qu’elle. Le brun la regarda tracer les limites de la cheminée du bout du pied. Brûle, brûle, brûle. Catin. Pas même assez bonne pour soulever tes jupons. Tout dans les mots, que du vent. Un mépris envahit la bouche de la Clef. Un goût doux-amer. Il avala sa salive. Disparaîs. Comme pour lui répondre, Arielle émit une protestation. Un cri jeté depuis les tréfonds de ses pensées. Coïncidence qui amusa le jeune homme. Il en dessina un rictus sur ses lèvres. Elle se battait intérieurement contre une chose inconnue et sans importance, et ça le satisfaisait, faute de mieux. La blonde se retourna d’un bloc. Aussi inintéressante de face que de dos... Mais les yeux clairs remontèrent une question à la surface de l’esprit d’October. Sûrement la dernière qu’elle avait énoncé. Ou pensé. Non, il n’avait pas sondé ses réflexions pimbêches - et n’en avait pas envie, plutôt mourir.

« Dites-m’en plus. Comment fait-on pour se rendre à Nightmare, et pourquoi voudrait-on y aller? »

October fit claquer les bulles d’air des articulations de ses doigts. Respirer, se calmer. Extérieurement, il semblait impassible. Son regard s’était terni, sa bouche réalignée. Mais si elle continuait à exhumer un sujet aussi gros que celui de la découverte des mondes, il finirait par se porter pâle pour la fin de la semaine. Il allait la pourrir jusqu’à la moelle. L’indifférence que la Clef avait réussi à voiler sur sa face se dérida, et un sourire carnassier s’incrusta sur son masque, comme il l’avait si bien appris de Mélusine.

« Pour s’y rendre? On me supplie. Pourquoi vouloir y aller? Parce que vous êtes tous niais, trop curieux, des Pandore dont les seuls maux que vous libérez sont les vôtres..... Mais tu ne mérites pas d’y aller. »

Non. Il ne l’emmènerait pas. Il ne la ferait jamais voyager de son don. Ne la tiendrait jamais par la taille, ni par la main pour l’accompagner. Il ne la guiderait pas. Ou si... mais il la lâcherait en plein milieu du tourbillon d’ombres et de nausées, l’abandonnerait entre les mondes, à la croisée des chemins, là d’où l’on revient encore moins que de l’autre côté des portes. Il la laisserait là où même lui ne pourra jamais venir la récupérer. Mais tout ça, au fond, ça causerait du tord à Mélusine. Perdre une âme était un déshonneur total, une faute de débutant qu’il ne valait mieux pas faire. Lui, il s’en foutait. Mais les autres... Tous les autres... Comment verraient-ils les choses? Comment voyaient-ils une Maîtresse dont la Clef principale avait révélé une aussi grande incompétence? Même si ça aurait été voulu, même si la maîtrise de sa navigation aurait justement été d’une perfection indéniable. Jamais. Jamais il ne ferait subir cela à sa Terreur. Plutôt endurer la blondasse dix minutes de plus... October serra les mâchoires et se tût. L’étirement de ses lèvres avait disparu pour laisser place à une expression de pierre froide.
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Arielle SpencerArielle Spencerprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyDim 11 Mar - 11:16

    October Leeing fit se bruit horrible avec ses phalanges, et Arielle détourna le regard un instant. Cela lui rappelait trop les habitudes de Mère, terrible Mère qui avait les articulations toutes abîmées. Et puis, comme s’il s’était préparé, il offrit à la blonde un rictus de prédateur. Arielle se fichait pas mal de l’expression des gens, depuis un bail, depuis toujours en fait. Pour elle, tout le monde se ressemblait, et elle ne différenciait les gens qu’à travers leur caractère. Alors que l’enveloppe d’October Leeing fasse ce qu’elle veut, qu’importait après tout?

    « Pour s’y rendre? On me supplie. Pourquoi vouloir y aller? Parce que vous êtes tous niais, trop curieux, des Pandore dont les seuls maux que vous libérez sont les vôtres..... Mais tu ne mérites pas d’y aller. »

    Si Arielle ne méritait pas d’y aller, soit. Mais comment savoir si son père avait eu ce “mérite”? Qui pouvait l’informer sur son potentiel voyage? Sur sa potentielle disparition entre les mondes? Et lequel? Car Arielle commençait à avoir de sérieux doutes. Si Nightmare et October Leeing pouvaient, arrivaient à exister, quoi d’autre encore?

    Elle regarda autour d’elle, plissa des yeux, tenta d’apercevoir des créatures invisibles à ses yeux. Qui se cachait ici, qu’est-ce qu’était cet endroit? Car de cela, elle en était certaine: Ambroise n’était pas une simple maison close, un bordel ordinaire. Il y avait des ces lieux des personnes qui se fichaient totalement de tout ça. James Hook, qui avait l’air d’être le maître en sa demeure, et qui ne visitait presque personne, semblant simplement visiter son domaine. Et puis, toutes ces filles aux privilèges fous!

    « Ça ne m’a jamais tentée de me rendre quelque part où vous pourriez être plus qu’une simple pute, October Leeing. Et s’il faut vous supplier pour se rendre dans un tel endroit, soyez sûr que je n’irai jamais. »

    Arielle la fille du peuple venait de parler. Elle trouvait dommage que ses relations avec la Faucheuse aillent si mal. Il aurait pu être une aide, n’importe quoi. Tout le monde, aux yeux d’Arielle, peut se révéler précieux un jour ou l’autre, c’est pour cela qu’elle évite de se faire des ennemis. Parce que n’être personne aux yeux de tous, c’est mieux qu’être la tête de turc d’une seule personne. Hélas, c’était trop tard, ou trop tôt. October Leeing ne sera jamais un ami, et Arielle le détestait trop pour qu’il soit un jour un type lambda qu’elle ignorerait dans les couloirs.

    « Je ne suis pas une telle idiote. Que savez-vous réellement de moi? Que je continue à vivre ici aux frais de la princesse en contant des histoires à de pauvres gars trop pressés? Que j’ai cette réputation de fille stupide? Que je ne suis rien d’autre qu’une touffe de cheveux? Que je ne sais rien, que je suis une novice? »

    Arielle voulait, au moins devant October Leeing, cette personne qu’elle jugeait dangereuse et égoïste, comme le nom de sa patrie, cauchemar, l’indiquait, rétablir un morceau de vérité.

    « Je sais ce qu’Ambroise a à cacher. »

    Mais Arielle avait une dernière chose à dire à October Leeing.

    « Quelqu’un un jour a dit: “Je ne suis pas capable de me connaître moi-même, dès lors, il serait ridicule de se lancer dans l’examen de ce qui m’est étranger”. Est-ce que vous comprenez, October? Fiez-vous à votre ignorance, elle vous mènera plus justement vers la vérité. Vous croyez la détenir, mais que savez-vous du monde extérieur? Vous faites voyager, mais avez-vous seulement voyagé? »

    À présent, Arielle Spencer se sentait mieux. C’est comme si on avait détaché quelques lacets d’un corset invisible, retiré la moitié de son masque, et elle soupira doucement, pour qu’on ne l’entende pas, pour que la seule personne encore présente ne l’entende pas. Elle posa les paumes de ses mains contre le rebord de la cheminée, le corps tendu au maximum. Elle ne voulait pas quitter la source de chaleur. Elle ne le pouvait pas, pas encore. C’était épuisant de se découvrir une facette. Ce qu’elle savait, c’était à son frère qu’elle le devait. Cette partie d’elle qui faisait sa fierté – une fierté un peu haute –, c’était de son frère qu’elle la tenait.

    Ambroise était sa prison, son Enfer personnel. C’était bien sur ce point qu’October Leeing et Arielle Spencer aurait pu s’accorder.
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October LeeingOctober Leeingprofil +You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) Empty
MessageSujet: Re: You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) You claim your history is beyond a man like me (October Leeing) EmptyVen 24 Aoû - 9:49

Le petit manège devenait de plus en plus lassant pour October. Il s’était tû depuis plusieurs minutes déjà, les traits impassibles, observant les manières acides de la jeune blondasse. Plus il détaillait son attitude, et plus elle le répugnait. Gourdasse. Elle donnait maintenant l’air de chercher quelque chose autour d’elle, sondant la pièce du regard avec une tête de taupe. Vas-y, cherche, cherche ma belle, trouve une échappatoire. October tenta de ne pas rire, pinçant les lèvres jusqu’à ce qu’elles perdent leur tendre couleur. Cette image d’Arielle, telle un chien, courant autour du salon, reniflant le moindre courant d’air, glapissant et gémissant à la seule pensée d’être enfermée ici avec lui... La Clef inspira et cligna lentement des paupières. Heureusement, la petite blonde mit fin à ce silence trop propice à l’imagination.

« Ça ne m’a jamais tentée de me rendre quelque part où vous pourriez être plus qu’une simple pute, October Leeing. Et s’il faut vous supplier pour se rendre dans un tel endroit, soyez sûr que je n’irai jamais. »

Heureusement ? Pas vraiment au final... Elle ne fit qu’enfoncer le clou dans le rictus du jeune homme. Il leva une main devant sa bouche, dissimulant les expressions qui y faisaient surface. Comment pouvait-elle utiliser le mot « pute » pour le décrire lui? C’était trop ridicule. Arielle, à travers ses mots, dégoulinait de jalousie et d’envie. Sans même étudier son comportement, n’importe quelle personne aurait pu dire qu’elle ne rêvait que d’une chose : Voyager. Et ce malgré que ce fut par le biais d’un être qu’elle méprisait autant que la Clef des Cauchemars.

October garda pour lui ses remarques. Il en ricanerait plus tard. Mais voilà que... Oui, Arielle se débattait, étalant un monologue soporifique truffé d’arguments inutiles. Se sentait-elle menacée face à la Clef pour devoir se justifier de... De quoi d’ailleurs? Les muscles des yeux d’October se contractèrent à plusieurs reprises. Il retint sa respiration par intermittence, refoulant un fou rire. Bien sûr que tu es idiote. La preuve en est: tu n’as pas conscience des conneries que tu arrives à débiter. Elle était trop risible cette petite blonde. Le jeune homme en avait presque pitié. Savait-elle réellement ce que la Maison cachait? Ne connaissait-elle pas plutôt que ces bribes de mensonges tissés d’une semi vérité enrobée de contes? Ceux qui détenaient les vraies informations ne revenaient jamais à l’Ambroise, ou n’étaient pas assez sots pour les dévoiler entièrement.

La jeune fille déblatéra quelques sons en plus avant de se taire, enfin. October expira de soulagement. Son rictus s’était estompé de fatigue. Arielle paraissait apaisée, plus confiante aussi. Dommage pour elle. La Clef, dans un mouvement souple et silencieux, se leva de son fauteuil. Il en fit le tour, laissant sa main traîner sur le dossier, puis s’approcha du mur. Avançant jusqu’au niveau d’Arielle. Le Porte des Cauchemars se posta à côté d’elle. A deux, peut-être trois mètres, mais pas plus. Les mains jointes derrière le dos, il contemplait un tableau suspendu à son crochet. Une scène de campagne. Un couple assis sur une couverture étendue à l’ombre d’un pommier, derrière eux des champs de tournesols à perte de vue, et ce soleil, plein, écrasant. Les bonheurs paisibles du quotidien que l’on ne penserait pas perdre un jour, jusqu’à ce que l’esprit humain soit pris d’une curiosité extrême, et que le corps parte en voyage, pour ne plus jamais retrouver son foyer. Le jeune homme n’avait jamais connu ces paysages, mais il avait l’impression de trop bien comprendre ce sentiment de nostalgie pure qui se dégageait des couches de couleur. Ce pincement au goût de souvenir enterré. Il déglutit.

L’épuisement se lisait sur les traits fins et pâles d’October. Il s’était calmé, lui aussi. Après tout, Arielle n’était seulement qu’une Terrienne trop avide de découverte. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle était... Comme ces enfants qui ne peuvent s’empêcher de faire des bêtises, jusqu’à ce que quelqu’un prenne le temps de leur expliquer. La voix du jeune homme se fit plus douce, presque paternelle, tout en gardant une fermeté autoritaire.

« C’est bien toi qui parle d’ignorance. Peut-être n’es-tu pas idiote, Quoi que..., et peut-être que je ne connais rien de toi sinon tes apparences détestables. Peut-être aussi que je ne connais pas l’intégralité de ce que l’Univers a à offrir. Mais mon Royaume, je le comprends mieux que quiconque. Ce que je dis savoir, ce n’est pas du bluff. Et je sais pertinemment que tu n’as pas assez vécu encore. Tu es toujours une enfant, Arielle. Ne te crois pas être informée de tout. Surtout en ce qui concerne l’Ambroise. Si tu avais découvert tous ses secrets, tu ne t’en vanterais pas de la sorte, crois-moi. Il y a certaines choses dont tu ne veux pas être au courant, et d’autres que tu n’es pas prête à accepter. »

Il n’avait pas détourné les yeux du cadre peint. Il le détaillait encore d’un regard sombre et triste, à moins que ce ne soit sa propre mémoire qu’il inspectât...

« Tu n’es pas faite pour voyager. Tu n’es pas le genre de personne qui arriverait à supporter ce qu’elle va découvrir... »

October tourna la tête vers Arielle, une expression d’un vide morbide sur son visage.

« … Alors pourquoi t’obstines-tu autant ? »
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