Oh qu'elle était agréable cette sensation... Fantastique sensation qu'était celle de se rendre compte qu'on était vivant... Le corps qui lutte inconsciemment pour respirer, les tremblements qui petit à petit se transforment en spasmes.... L'instinct de survie.
Ilana voyait bleu... Non pas sa vie... Mais là, tout de suite, la tête enfouie dans les eaux claires du bassin, elle ne pouvait voir autre chose que du bleu. Au bout de quelques secondes, quand son cœur se mit à battre à en traverser sa poitrine, la jeune femme se redressa en un tréssaut, basculant rageusement son visage en arrière. Ses cheveux suivirent vivement le mouvement en une trainée d'éclaboussures, et vinrent claquer sur son dos complètement nu.
Ilana toussa un peu, puis s'allongeât fébrilement sur la moquette. Sa poitrine dénudée ne cessait de monter, de descendre, au grès de son souffle. Cette fine vapeur, cette humidité... C'était si désagréable... Alors elle se contentait de fixer le plafond peinturluré, doré par endroits.

Ses clients semblaient se donner le mot pour lui demander l'impossible. Le sexe maintenant, n'avait pour elle plus aucune connotation avec le désir. Il n'était que corvée, efforts et technique. Et puis, la violence parfois, ce n'était pas très agréable. De toute manière ça n'avait plus aucun sens.

Une fois de plus, Ilana se redressa et forma une petit récipient avec ses mains. Elle les plongeât dans l'eau, et lava son corps sali par tant de luxure avant de se relever et de se vêtir de ces sortes de pagnes en voilage, sa nudité presque toujours aussi évidente.

Doucement, elle jeta un œil autour d'elle: Écœurant...
Des soupirs de plaisir - souvent feints -, des grognements d'animaux, des rires et tous ces bruits de chairs se heurtant... au milieu de celui de l'eau qui par malheur n'était pas assez intense pour les couvrir... Une orgie...
Pauvres âmes, qui nombreuses étaient là par sa faute... Oh non, ce n'était pas de la pitié... En fait, elle n'en avait absolument rien à faire de ces personnes. Mais être forcée de contribuer à l'épanouissement d'un tel monde en tant qu'esclave la révulsait. Elle songeait à s'enfuir. Ce qui était sur c'est qu'un jour elle ne se retrouverait plus dans ce harem en tant que fille de joie.

Ilana soupira en plaquant ses cheveux mouillés derrière sa tête. Elle préféra ne pas rester en vue pour ne pas attirer de nouveaux clients.
Elle se rapprocha des mûrs et s'assit sur les marches, en piochant à l'aveuglette dans les plateaux de fruits mis à disposition.
Mais tout en mâchant une physalis, Ilana cru entendre un cri.

"Je veux revoir ma maman !!!"

Pendant un instant, Ilana ne su si ce cri n'était pas issu de son imagination... Cela faisait maintenant 5 ans qu'elle était au service du Démon, et ses cauchemars la hantaient toujours ?

" Où suis-je ?!"

Ilana tourna la tête... Une fillette.... Une jeune fillette au milieu de corps vulgaires enlacés pour des raisons biens plus fétides que l'on pourrait croire... Une fillette perdue... Nouvelle... Une saut dans passé.
Ilana se rappela brusquement sa toute première arrivée dans cette pièce. Après que Mister D ait eu la jouissance de profiter du corps de sa nouvelle trouvaille, il l'avait laissée seule au milieu de se spectacle infernal. La petite gamine qu'était Ilana qui n'avait connu l'amour que par les films et comédies dramatique se retrouvait dans le pire des films d'horreur.
A peine fut-elle rentrée, que les clients s'en étaient emparé... Et c'est alors que l'ancienne fillette récemment défleurie avait du assouvir le désir de beaucoup d'hommes... Trop d'hommes... En une seule journée...
Personne ici n'avait eu le culot de lui venir en aide. Cette petite blonde qui était arrivée aujourd'hui, qui était elle? Ilana s'en moquait... Mais l'ignorer serait accepter ce qu'elle était devenue aujourd'hui... Une catin... Et ça... Elle ne pouvait s'y résoudre.

Ilana s'empara du plateau de fruits et se leva en prenant soin de ne pas attirer l'attention. Doucement, elle enjamba les corps accouplés puis se tint devant la fillette blonde dont les grands yeux étaient baignés de larmes.
Lorsque celle-ci sembla remarquer sa présence, Ilana s'assit à côté d'elle et posa la plat à ses pieds.

"Comment tu t'appelles ?" demanda Ilana d'une voix qui, par sa douceur, l'étonnait presque elle-même.

Des corps enlacés. Toutes sortes de corps. Et les couples se collaient encore et encore. Un bruit de fond. Des gémissements et le souffle de la vie qui voguait dans la grande pièce principale du harem. Annie regardait désespérément. Elle n’avait plus sa mère. Plus sa famille. Monsieur D était parti quelques parts et l’avait laissé ici. Seule. Avec pleins de corps autour d’elle. Annie ne regarda pas le plafond. Ne pria pas non plus. Dieu n’était pas là. Elle avait fait un choix non ? Elle ne pourrait jamais plus se défaire de cette vie maintenant. Elle avait entendu dire que lorsqu’on faisait un pacte avec le diable, la personne ne pouvait plus revenir sur ses pas. Avait-elle au moins fait un pacte avec lui ? Elle n’en savait trop rien.

Puis, une rencontre. Quand on est dans un état désespéré on n’espère pas vraiment d’une rencontre décisive. Enfin si, on veut y croire. Annie y croyait à cette rencontre mais la jeune fille doutait. Il n’y avait que des corps et encore des corps nus dans cette grande pièce. Des gémissements de toutes sortes. Mais pas de personne auquel elle puisse se coller. Avec laquelle elle puisse parler. Mais si ! Là si ! Elle était là, une belle jeune fille aux cheveux bruns. Un pagne pour toute tenue vestimentaire. Et Annie pouvait voir son corps en entier. Heureusement, elle avait un maillot de bain assez opaque pour que les habitants du harem ne puissent pas la voir complètement nue. Annie regarda cette femme s’allonger sur la moquette. Elle regarda cette femme se lever et prendre des fruits. Sensuelle. Beauté éphémère. Annie se mordit la lèvre inférieure. Elle voulait l’aborder. Mais comment faire ? Cependant qu’elle réfléchissait sur ce sujet, elle n’eut pas besoin de se lever pour venir l’aborder. C’est la jeune femme qui alla vers elle. Après qu’elle eu crié qu’elle voulait sa maman. Manipulation pour que la femme vienne vers elle ? Peut-être. Mais Annie était prise dans un tourbillon. Elle ne savait plus.

Un regard. Droit dans les yeux. Un regard. Bleu mélancolique. Un. Deux. Trois. Encore ! Et Annie vit tout. Sans rien. Elle était belle Ilana. Douce et pure. Douce et innocente. Annie l’observait. Elle n’attendait pas de réaction particulière de sa part. Mais les mots vinrent titiller son oreille.

-« Comment tu t'appelles ? »

Une voix douce et décontracté. Une voix charmeuse. Annie se leva doucement. Doucement, elle vient se blottir près d’elle. Car un lien, même un tout petit s’était tissé entre elles deux. Comme si… Comme si les deux jeunes filles étaient là pour être amie. Annie sentit les bras de la jeune femme. Elle ne savait pas très bien si ce qu’elle faisait c’était bien. Mais, à ce moment là, elle avait besoin de réconfort. D’une caresse. Une douce caresse. Et la jeune fille leva sa tête vers le plafond. Peut-être que Dieu l’avait pardonné en fin de compte. Et Annie répondit à la question.

-« Annie. Je m’appelle Annie, mademoiselle. Et… et vous ? »

Bien qu’elle sache pertinemment le prénom que portait la femme en face d’elle. Simple retour de question par courtoisie. La fillette posa une main dans ses cheveux. Des cheveux soyeux et bouclés. Puis, doucement, elle s’assit par terre et attendit. Attendre quoi ? Un mot. Une phrase. Un frôlement. Elle ne savait pas vraiment. Mais une chose était sûre, c’est qu’elle voulait connaitre une peu plus la jeune fille qui lui faisait face. Sans s’en rendre compte, elle avait fait abstraction des corps qui dansaient tout près d’elle.

Spoiler:

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Ilana ne sut que faire quand ce ridicule petit être vint se coller contre son torse à moitié nu. Ça ne la gênait pas.Mais cela faisait si longtemps... Si longtemps qu'elle n'avait pas reçu d'étreinte honnête et réconfortante... D'étreinte qui n'avait rien de charnelle...

Un frisson parcouru soudain l'échine de la belle Ilana. Voilà cinq longues années passées à travailler pour l'affreux Mister D, et elle était connue de tous, admirée, désirée et demandée... Cela avait toujours été le cas... Mais plus personne depuis ne lui demandait son prénom dès lors.
Se présenter... Quoi de plus banal que cela... Mais quoi de plus indispensable.

"Je m'appelle Ilana..."

Cette simple phrase réveilla en elle le sentiment d'être autre chose qu'une prostituée... Qu'une clef... Elle lui donnait à nouveau l'impression d'être... Quelqu'un... Et ça, dans le monde des enfers, elle avait fini par l'oublier. Son âme était sans doute aussi prisonnière que celles de ceux à qui elle les chapardait.

Lentement, Ilana passa dans le dos couvert de soie de la jeune Annie, une main réconfortante, maternelle... Elle en avait eu besoin elle aussi... Mais personne ne la lui avait jamais offerte... Alors, en lui donnant cet amour, Ilana espéra de toutes ses forces que le petite fille de deviendrait pas comme elle : Cet être avide de vengeance et prisonnier de son désir de tuer, d'être libre.

"Ça va aller Annie..."

Biensûr que non ça n'ira pas... Rien n'ira plus d'ailleurs, et elle le savait. Mais elle n'avais pas le droit de l'avouer... L'espoir... C'était la seule chose qui les aiderait...
Mais mystérieusement, Ilana ressentit un étrange sentiment... Ce sentiment qu'elle ressentait quand elle se trouvait proche de Katia.

" Tu es une Clef Annie ?"

Le belle brune ne pu s'empêcher de la regarder tristement... Pauvre enfant... Elle aussi alors, serait à la solde de Mister D...

Il n'a fait de mal à personne chez toi hein ? Il ne t'as pas fait trop de mal ?

De durs souvenirs revinrent à l'esprit d'Ilana qui entendait toujours ses propres cris étouffés dans le corps de sa pauvre mère abattue...

"Ce Mister D !"

Ilana attrapa violemment la corbeille de fruits et la tendit à Annie dans un geste râgeux.

"Le fourbe ! Le rat ! Cet homme est le pire des fléau que la terre puisse porter... Regarde Annie!!!" lança Ilana en montrant du doigt la détestable luxure qui régnait en ces lieux. " Tout n'est que pêchés avec cet homme... Souffrance et pêché..."

La jeune clef s'interrompit... Annie semblait la regarder avec effroi et tristesse... L'avait-elle froissée ? Lui avait-elle fait peur ? Elle ne faisait que parler de Mister D... Elle disait la vérité !... A Moins que celle-ce ne soit pas la même pour la petite Annie...
Elle aimerait Mister D ? Non... Ce n'était pas possible n'est-ce pas ?