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Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October]

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Silver SilentCrySilver SilentCryprofil +Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October]  Empty
MessageSujet: Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October] Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October]  EmptyMer 29 Aoû - 9:25

Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October]  Rpocto

Des craquements de feuilles mortes et brunies par la saison, des branches abîmées qui gémissent et poussent leur dernier soupir sous les pieds agiles d'un enfant pourtant aussi léger qu'une plume. Les feuilles craquelées s'envole sous le choc de son poids qui heurte le sol. Un corps fragile et maigre, des genoux écorchés sur le sol terreux. Il passa sous un tronc renversé pour une raison qui échappait encore à son jeune âge et se passant une main sur le front pour dégager de devant ses yeux ses mèches noires, mal coupées, mal coiffées qui venaient parfois les gêner dans entrebâillement laissée par son pull trop large sur ses épaules frêles. Et l'enfant se fige, relève la tête trop vite et se cogne contre le tronc. Il ne comprend pas, personne ne s'aventure jamais par ici, mais il n'a pas peur, pourquoi aurait-il peur d'un enfant...? La petite créature s'avance sans une once de crainte dans le regard et se penche, le sourire rassurant et innocent. Une bribe de souvenir enfouie dans les tréfonds inaccessibles d'une mémoire troublée. Ou peut-être l'ébauche d'un lien prédestiné à se nouer au fil du temps. Un fil rouge accroché aux poignets, un fil à l'épreuve du temps, de l'oubli, et de toutes autres formes d'éloignement. Un fil qui relis deux êtres, quitte à faire mal, quitte à détruire.

"Comment tu t'appelles...?"



Les paupières de Silver frémirent et son corps se redressa sous les draps. Il glissa une main dans ses cheveux poisseux de la sueur du sommeil. Sommeil presque forcé d'ailleurs. Il avait vraiment cru être capable d'arrêter de se terrer dans sa chambre comme un adolescent dépressif. Cet imbécile de client qui était parti sans même lui accorder son nom lui avait presque fait croire qu'il allait être capable de retrouver un tant soit peu de forme physique et mental. Mais au final, il n'avait fait que lui miroiter une illusion. De toute façon, le jeune homme n'avait pas envie de s'en prendre à son client, ni à lui-même. Il en avait assez de chercher un fautif. Tout ce qu'il voulait, c'était réussir à maîtriser toutes ces choses étranges et trop rapides qui se passaient dernièrement dans son entourage. Et ce rêve... C'était bien la première fois. Ces dernières semaines, ils avaient rêvé, ou plutôt cauchemardé absolument toutes les nuits, sans exception. Il voyait des flammes, de la cendre, de la brume et cette immonde vase noire qui coulait des yeux autrefois bleus glacés de son petit protéger. Toutes ces visions d'horreur étaient à répétition, mais cette fois, il y avait quelque chose de différent, et d'autant plus troublant. Ce rêve avait des allures de souvenir, un arrière goût de déjà vu. Pourtant, il ne se souvenait n'avoir trouvé dans les bois de son monde natale que des feuilles et des branches crochues. Dès ses sept ans il y crapahutait déjà sans peur, comme si sa morale et sa conscience était moins exacerbées que chez les humains normaux. Il se remémorait avec nostalgie cette époque révolue où il grimpait dans les arbres, revenait crasseux de terre et tout sourire pour se faire prendre un savon par son oncle et sa tante. Il se souvenait d'un enfant déjà vaguement sombre, plus responsable que les autres, toujours à veiller sur son cadet, sauf lorsqu'il était seul.

Mais il ne se souvenait de personne ayant arpenté les bois à ses côtés. Sont rêve était troublé, il savait que le premier enfant n'était autre que lui-même, difficile de se tromper là-dessus. Mais l'autre. Vague image presque déjà effacée d'un enfant maigre aux regard sombre. Certaines choses tentaient de se rappeler à lui tandis que d'autre part, on tentait d'étouffer ces réminiscences. Il n'arrivait plus à comprendre, et quelque part, il songeait que c'était peut-être mieux ainsi. Il posa les pieds au sol et glissa un regard à ses volets fermés, puis à sa lampe de chevet allumée. Quelle heure pouvait-il bien être...? Il s'était levé ce matin, avait filé en avance dans les douches pour être en paix. Et... Et il avait entendu ces deux traînées, Travailleurs ou Clef, cela lui était complètement égale. Il savait, que toutes les catins de cette maison se jalousaient entre elles. Mais lui... Lui il n'avait jamais été chercher des emmerdes à qui que ce soit. Ils leurs refilaient sa place bien volontiers avec ça. "Tu sais ce qu'on dit, si tu continue de rien foutre et de te la couler douce, la Gérant va venir te voir, et peut-être même te jeter dehors..." Silver n'avait pas pour habitude de s'assombrir pour de telles ragots, mais cette fois, le coup qu'il pris au cœur fut tel qu'il se replia aussitôt, fuyant vers sa chambre pour s'y enfermer avec un gémissement de colère. Alors cette baraque était encore plus malsaine qu'il ne l'avait cru?! Il savait ce qu'il s'y passait, dès qu'il y avait posé le pied la première fois, mais jamais il n'avais pu penser qu'on fasse tourner des rumeurs de cette manière. C'est cela. Comme si le Gérant allait lever la main sur une Clef, même libre comme l'air. Comme si il allait prendre le risque de réduire l'effectif de Clef en le foutant dehors. Les Maîtres se disputaient déjà le peu qu'ils avaient. Oui, il ne bossait presque plus depuis plusieurs semaines, ne prenait que le strict minimum de clients pour assouvir sa faim. Mais en compensation, il passait ses journées dans des demi-sommeils envahis de cauchemars qui l'épuisaient plus qu'ils ne le revigoraient. Alors il s'était recroquevillé dans son lit et s'était endormi, pour finalement se réveiller après ce rêve étrange. Il étira ses jambes jusqu'aux orteils et se leva pour aller se recroqueviller dans un angle de la pièce aux teintes bleutées. Un peu plus loin se trouvait un pinceaux sec, jeté par terre comme le reste de ses affaires. Il plissa les yeux et se concentra sur le petit objet, focalisant toutes ses pensées dessus. Bien vite, le pinceau se mit à trembler sans même que l'adolescent ne l'eut touché et, doucement, commença à flotter dans les airs. La créature avait compris. Craindre ce pouvoir ne le mènerait jamais à rien de bon, alors autant apprendre à l'apprivoiser. Il avait d'abord cru que c'était sa colère qui le déclenchait, alors qu'elle ne faisait en vérité que l'exacerber. Il n'était pour le moment capable de déplacer que des objets légers. Mais il progressait, depuis une ou deux semaines, il s'en sortait de mieux en mieux. Il soupira et laissa retomber le pinceau, un voile noir venant brouiller sa vision, vrillant son crâne. La maîtrise ne s'obtenait pas sans fatigue. Ni sans remords.

Ces progrès conséquents ne changeaient rien. Il ne voulait pas sortir. L'Ambroise l'épuisait, les gens l'agaçait. Il était devenu irritable au possible. Il avait songé à sortir de sa chambre, à aller voir October, à s'excuser pour "la nuit de la vieille". Puis il n'avait pas osé, il n'avait pas eu le courage de se confronter à son regard. Et la "nuit de la veille" était devenu la "nuit d'il y avait quelques semaines". Voir peut-être même un mois. Et il savait très bien que son aîné n'était pas du genre à venir le chercher de lui-même. Il ne pouvait pas l'en blâmer, il avait bien manqué de l'envoyer valser dans la pièce par la force de la pensée. Alors il s'était muré dans sa chambre et dans son mutisme, ne sortant que pour se laver. Tout le dégoûtait ici, il voulait partir, il voulait se faire tout petit, disparaitre totalement d'entre ces murs. Il ramena un peu plus ses genoux contre lui. Il serra les dents. Il voulait qu'ils se volatilisent tous, les aimés comme les haïs. Il pensa aussitôt à des étoiles peintes, à une odeur de fleurs fanées et à la mélodie sur les touches d'un piano. Le décor s'assombrit, Silver sentit sa tête lui tourner, son cœur avoir le mal de mer, de l'air et... Où se trouvait-il au juste? Il rouvrit les yeux sur une pièce qu'il aurait presque juré être sa chambre de l'Ambroise. Presque, si l'endroit n'avait pas empesté la poussière et la cendre. Il se leva, ou plutôt s'écroula du lit aux couvertures constellées pour ramper, ni plus ni moins, vers la fenêtre qu'il ouvrit, se penchant sur cette dernière pour avaler de l'air glaciale, s'empêchant de vider le contenu de son estomac vide. Il lui avait suffit de se concentrer de toutes ces force sur cet endroit qu'il connaissait mieux que personne, dans ses moindres recoins, et... Il avait toujours pensé être incapable de faire ça. C'était perdre ce qui le différenciait des autres Clefs en quelque sorte. Il roula des yeux sur la pièce comme une poupée renversée et réprima un sourire ironique au possible. Impressionnant. Rien n'avait changé, vraiment rien. Tout était exactement dans le même état que lorsqu'il était partit en emportant quelques affaires mineures. Même les tiroirs ouverts à la volé ne s'étaient pas refermés tous seuls, comme il aurait presque pu le croire. Même les draps défaits ne s'étaient pas remis comme par magie. Il n'y avait plus personne pour le faire. L'air saturé de poussière lui asphyxiait les poumons. Il ouvrit prudemment la porte, sachant pourtant pertinemment que personne ne l'attendrait derrière et sortit sans plus de cérémonie. Il repasserait peut-être chercher le reste de ses affaires. Le fait de pouvoir se téléporter comme les autres ne le perturbait pas vraiment au final. C'est comme si il s'y était attendu avec les évènements de ces derniers temps. Il n'avait cependant pas la moindre idée de comment il allait repartir. Un peu comme la fondation même de son comportement, cela se déclenchait vraiment que lorsqu'il se décidait. Il jeta un regard amer à la pièce au fond du couloir. Non, il n'y rentrerais pas. Trop de souvenirs qui menaçaient de se réveiller. C'est comme si le fantôme de son protéger était là, à l'attendre, assit en face de son piano. Il n'accorda pas un regard aux escaliers grinçants qui menaient au grenier. Plus jamais. Plus jamais il n'y mettrait les pieds. Trop sombre, trop étouffant, trop de crimes qu'il n'avait pas pu empêcher, enfermé là-haut. Il dévala alors les marches de l'étage pour arriver en bas, esquiva la salle de bain encore souillée du sang séché de sa tante. Il ouvrit presque rageusement la porte d'entrée, et, à peine l'eut-il passé, qu'il s'effondra presque sur le sol, soulevant la cendre qui teinta ses cheveux noirs de grisaille. Un perle amer glissa sur sa joue, puis d'autre, inondant son visage barré d'une grimace crispée. Personne ne viendrait le chercher, ni même ne l'entendrait, dans la brume blanche et impénétrable de ce village déserté depuis l'incendie. Depuis combien de temps il n'avait pas eu de crise de larme pareille...? Plus d'une année à dire vrai. Bien avant d'être traînée à l'Ambroise...


Il traînait déjà dehors depuis quelques mois. Et les plaies du passé commençaient à peine à cicatriser. Du moins en surface. Il se réfugiait dans des endroits abandonnés lorsque le temps se faisait trop mauvais, vivait du sang des hommes qu'il attirait dans ses filets. Il marchait. Sans savoir où il allait, ni même où aller, mais il marchait. Il voulait s'éloigner le plus possible de là où il venait, de là où il en avait fini avec sa vie précédente. Parfois, il traversait des villages plus ou moins vivants. Puis, arriva ce jour où fut réellement déboussolé. Ce village en particulier était trop vivant. Il ne comprenait pas cette agitation populaire mauvaise pour sa discrétion habituelle. Et tout ce bruit lui donnait la migraine. Il s'approcha d'une bonne femme - qu'il jugea cela dit très laide - et demanda simplement: "Les gens on l'air plutôt joyeux, c'est une fête locale ou bien...?" Il jeta de nouveaux regards aux habitants et constata non sans une pointe de malêtre les sourires ravis sur leurs visages. Après quoi la femme lui répondit le plus simplement du monde, comme si toute la population de ce monde était au courant à part lui. "Tu étais enfermé dans une cave ce mois-ci gamin?" Silver se retint de rétorquer que oui, c'était presque ça, mais laissa la mégère continuer. "L'vieux Caïn mange enfin les pissenlits par la racine, ça s'rait un meurtre à c'qu'on dit. Ça f'ra sûrement pas d'mal aux gens d'ce monde, ah!" La femme se retourna vers la liesse populaire et s'apprêta à ajouter quelque chose de probablement futile mais, déjà, l'adolescent avait disparu. Recroquevillé dans une ruelle malodorant, il poussa un cri à la limite du bestiale, se tirant les cheveux comme pour apaiser les pensées qui le torturaient à l'intérieur de son crâne. Colère, frustration, haine, rage pure. Si une personne dans ce bas monde devait tuer cette ordure de Caïn c'était LUI, et PERSONNE d'autre! Après l'incendie, il avait juré de l'étriper de ses propres mains, quitte à être tué en même temps. Il avait juré de venger son cousin, et maintenant... Maintenant il avait perdu l'objet de toute sa haine et n'avait plus rien pour le faire avancer. Ce jour là, il avait pleuré.

Avec le temps, il avait cessé d'en vouloir aux meurtriers, il s'était relevé de cet affront. Et il avait cessé de pleurer. Jusqu'à aujourd'hui. Il tenta de freiner ses pleurnichements incessant. S'ils restaient des fantômes dans ce village maudit, ils n'apprécieraient certainement pas de le voir pleurer. Il resta tout de même un moment prostré au sol, griffer du bout des ongles des déchirures de son pantalon et à essuyez ses yeux rougis par les pleurs et la fatigue accumulée. Lorsqu'il se redressa, il s'aperçut finalement qu'il avait froid. Rien d'étonnant, il était encore pieds nus, n'ayant pas prévu de se téléporter comme ça. Et le tissu fin de son débardeur n'aidait pas vraiment à supporter les saisons froides de Nightmare Land qui pouvaient de montrer bien ingrates. Il soupira et se frictionnant les avants bras dans l'espoir vain de se réchauffer et se mit à avancer, s'enfonçant dans l'épaisse brume blanche, presque rassurante. Il devinait sans la voir l'église en ruine un peu plus loin, et les autres édifices du village. Cet endroit avait été vivant, autrefois. Avant que les habitants restants désertent les lieux. Depuis, il y avait cette brume étrange dans le village et ses environs de forêt. Elle ne s'estompait qu'à une bonne distance, comme si elle désirait materner ces lieux obscures, comme si elle possédait une volonté propre. Non, cela dépassait tout de même les limites de la bizarrerie. Silver se retrouva très vite près des bois et dû soupirer pour se donner du courage et entra dans l'épaisseur boisée sans même un regard pour le lieu de sa naissance. L'humidité des feuilles mortes sous ses pieds nus le firent grogner mais il s'habitua rapidemment à la sensation et avança en écartant les branches sur son passage, arrachant celles qui agrippaient ses cheveux. Comme lorsqu'il était enfant, il n'avait pas peur de ces bois. Ils lui semblaient même plutôt rassurants et familiers. Il savait où aller. Il n'était même pas sûr de pouvoir revenir de toute façon. Qui pourrait bien le forcer à retourner à l'Ambroise? Un ridicule papillon? Et puis quoi encore. Il n'essayait pas spécialement de fuir. En vérité, le brun ignorait encore s'il comptait retourner à son errance ici pour fuir la maison close, où s'il allait y retourner bien sagement plus tard. Il ne voulait pas y penser. Pour l'heure, cela n'avait aucune forme d'importance.

Ses pas le conduisirent à un semblant de bois dégagés. Il venait souvent ici étant môme. D'autres gamins du village et s'y retrouvaient pour s'amuser, bien malgré leurs parents. Lui, il avait toujours préféré s'éloigner d'avantage, là où les branches d'arbres faisaient presque office de toit, plutôt que de se mêler aux autres. Il avait parfois fait des découvertes. Il se souvint alors bêtement d'un os d'animal nettoyé par les fourmis qu'il avait ramassé aux environs de ses quatorze années pour faire ses dents devenues douloureuses à cause de leur limage quotidien dessus. Les autres surfaces avaient toujours eu tendance à casser sous la pression de sa mâchoire. Souvenir naïf tandis qu'il cherchait à tâtons dans le brouillard toujours présent la balançoire de fortune que d'autres gosses et lui avaient installés sur un arbre. Peut-être avait-elle été retiré depuis le temps. Mais sa main rencontra une corde, puis sa vision descella la planche qui y était rattachée. Il y pris place, puisque personne n'était là pour lui voler la place cette fois, frottant ses pieds l'un contre l'autre pour en décoller les feuilles mortes. Il commença à se balancer doucement, puis plus loin, ses cheveux venant couvrir son visage à chaque retour. Il songea qu'il irait peut-être chercher des plumes de corbeaux après, ou de jolies feuilles. Percher sur sa balançoire, ayant l'impression de s'envoler loin de tout, Silver commença à marmonner des mots éraillés par ses clopes quotidiennes, mots qui s'accordèrent à un air qui ne résonnait probablement que dans sa tête. Personne n'était là pour entendre, alors il pouvait chanter, comme il le faisait avec Enjyu au piano. Il n'avait jamais prétendu chanter juste, bien au contraire, mais si personne n'était là pour juger, il pouvait se le permettre. Alors il chantait, sans réfléchir, parce qu'il se sentait incapable de parler normalement, et parce que il avait trop de choses sur le cœur.
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Marcher sur les cendres de ta vanité. [PV.October]

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